Après la crise sanitaire et économique, une dangereuse et inquiétante crise d'alimentation en eau potable se profile dans les mois à venir en Algérie. Les réserves d'eau de l'Algérie, région semi-aride, s'assèchent à un rythme inquiétant. Ce constat alarmant est de Mustapha Kamel Mihoubi, ministre des Ressources en eau. La faible pluviométrie actuelle en Algérie expose le pays à des risques élevés de pénuries d'eau potable. Selon les chiffres fournis par l'Agence nationale des barrages et des transferts (Anbt), le pays enregistre une moyenne de 44% de remplissage de barrages, avec une grande prévalence dans la région Est, où les barrages sont à un taux de remplissage de 67%. La nouvelle est ahurissante. Certes, les barrages et les autres eaux de surface, ne représentent que 40% des ressources utilisées pour l'alimentation en eau potable, à côté d'autres alternatives telles que l'eau de mer dessalée et l'eau issue des forages, mais il n'en demeure pas moins que les pluies ayant été exceptionnellement rares cette année, l'Algérie voit, ainsi, l'été arriver avec la hantise d'une pénurie d'eau à l'échelle nationale. Le ciel est devenu avare de pluies. Conséquence: les barrages et retenues sont à un niveau préoccupant et la majorité des wilayas vit un état de stress hydrique. Avec l'été qui pointe son nez, la crise de l'eau risque de s'aggraver davantage «Les quantités de pluies récoltées sont en nette baisse. Elles ne suffisent plus pour remplir nos réserves et alimenter la population. Ces 44% sont ce qui reste de la ressource en eau conventionnelle» précise le ministre. Ainsi, à l'orée de la saison estivale, où la consommation et les besoins en eau augmentent, l'«or bleu» commence à se transformer en une denrée rare dans de nombreuses wilayas. À ce sujet, le directeur général de l'Algérienne des eaux, Hocine Zaïr, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère en affirmant que le pays se dirigera vers «une réduction des plages horaires de distribution», avec la possibilité de passer à une distribution «un jour sur deux», si les réserves d'eau ne se reconstituent pas. et le même responsable de confirmer que l'Algérie est confrontée à un stress hydrique important, avec une baisse de la pluviométrie et un taux de remplissage des barrages à 44%, soit une réserve de 3,5 milliards de mètres cubes sur une capacité de stockage des 80 barrages de 8 milliards de mètres cubes. Si à l'Est, le pourcentage a atteint 68%, au Centre et à l'Ouest, il se situe entre 22 et 29%. D'autant que 20% des barrages ont enregistré un déficit de leurs stocks, en particulier dans l'Ouest et le Centre. Devant cette situation, Nadia Maizi, professeur à Mines ParisTech et experte accréditée comme observatrice à l'ONU, a souligné que les problèmes liés à la raréfaction de l'eau vont impacter tout les secteurs d'activité en Algérie, notamment le secteur agricole et particulièrement la filière céréalière. Dans ce sillage, le directeur général de l'Institut technique des grandes cultures (Itgc), Mohamed El-Hadi Sakhri, a déclaré sur les ondes de la Radio nationale, que la production céréalière connaîtra une baisse, en raison de la rareté des pluies qui a dominé lors de cette année, comparativement au rendement réalisé lors de la saison précédente et qui s'élève à 3,9 millions de tonnes. Ainsi, en dépit des milliards de dollars dépensés depuis... 2000 dans le secteur de l'eau, l'Algérie n'arrive pas à étancher sa soif. Faut-il pour autant importer de l'eau? Une thèse avancée par Malek Abdeslam, docteur en hydrologie. S'exprimant sur les colonnes du quotidien El Watan, ce spécialiste n'a pas exclu une telle éventualité si la situation persiste. Une telle mesure laisse perplexe. À moins d'exporter du pétrole pour importer de l'eau. Le hic, c'est comment expliquer au public le pourquoi de pareil commerce qui enlève la chéchia de Ahmed pour la mettre sur la tête de Salah. Tant les négligences et l'amateurisme dans la gestion des projets structurants visant à préserver cette denrée rare ont été aussi clairs que... l'eau de roche.