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Ressources hydriques en Algérie : Situation délicate à l'horizon 2025
Publié dans El Watan le 22 - 03 - 2016

Si la réalisation des barrages et le recours au dessalement de l'eau de mer ont quelque peu atténué le spectre de la pénurie, ces infrastructures sont loin d'épargner à l'Algérie le stress hydrique. D'après les mêmes experts, l'unique région sécurisée est le Constantinois grâce au volume régularisable élevé assuré par les barrages en construction et en exploitation. A titre d'exemple, le barrage de Beni Haroun permet de régulariser un volume de 432 millions de mètres cubes.
D'après les données collectées par le ministère des Ressources en eau et de l'Environnement, ce barrage d'une capacité d'un milliard de mètres cubes permet, à lui seul, à la région du Constantinois 5 ans d'autonomie.
Ressources très faibles
Située dans une zone aride à semi-aride, l'Algérie pauvre en ressources hydriques a, tout de même, selon Messaoud Terra, directeur de l'alimentation en eau potable au ministère des Ressources en eau, la chance d'être autonome en matière de ressources et de n'avoir aucune dépendance hydrique avec les pays voisins. «Nos potentialités en matière de ressources en eau sont estimées à 18 milliards de mètres cubes. Elles nous proviennent principalement des eaux souterraines à hauteur de 10 milliards de mètres cubes, des ressources souterraines fossiles faiblement renouvelables (5,2 milliards) et des eaux souterraines renouvelables dans le Nord (2,5 milliards).
Durant les 15 dernières années, une trentaine de barrages ont été construits pour emmagasiner les eaux superficielles. Suite à cet effort, nous avons presque doublé notre capacité de stockage. Nous sommes passé de 3,5 milliards de mètres cubes à 7,5 milliards», explique-t-il. Selon le même responsable, sur les 65 barrages en exploitation, 44 sont à usage exclusif pour l'alimentation en eau potable (AEP) ou à usage mixte (AEP et irrigation). Cependant, ces derniers sont à faible capacité et à régularisation annuelle. Ils sont condamnés à la sécheresse après deux ans d'absence de pluviométrie.
Une saison sauvée de justesse
Caractérisée par un automne et un début d'hiver secs, l'année hydrologique actuelle, comptée depuis septembre 2015, condamne l'Algérie à un déficit en matière de pluviométrie et encore plus en matière d'apports. Dans un bilan arrêté au début du mois de mars, l'Algérie enregistre un déficit de plus d'un milliard de mètres cubes. La quantité stockée dans les barrages au début du mois de mars 2015 était de 6 milliards mètres contre 4,5 milliard pour la même période de l'année en cours.
«Pour remplir les barrages, nous avons besoin d'intempéries de longue durée pour que l'eau ruisselle dans les cours d'eau. Nous en avons besoin notamment pour le remplissage des barrages à faible capacité. Heureusement, les dernières intempéries ont permis de combler suffisamment ce déficit et de remplir les barrages à hauteur de 75%», rassure-t-il.
Et d'ajouter : «Même en cas de déficit d'écoulement, nous sommes prêts à répondre aux besoins de la population grâce aux réserves constituées durant les dernières années. Les barrages Koudiat Asserdoune et Guergar sont pleins de manière à couvrir les besoins de l'Algérois durant toute l'année. Il en est de même pour le barrage Beni Haroun qui est aussi largement suffisant pour approvisionner les 6 wilayas de l'est du pays.
Actuellement, nous sommes en train de travailler pour trouver un moyen de couvrir les besoins nationaux en matière d'eau, notamment durant la saison estivale, sur la longue durée. Notre souci majeur est l'ouest d'Alger qui connaît une très forte affluence des estivants et, de facto, une très grande demande d'eau. La ressource de cette zone est le barrage de Bouroumi, les forages de Mazafran et la station de dessalement de Fouka (en partie). Nous sommes en train de nous préparer pour intervenir, au cas où il y aurait une pénurie, en réalisant une trentaine de nouveaux forages pour gagner en quantité d'eau mobilisée.
L'Ouest algérien, très faible en matière de ressources, est desservi par le dessalement de l'eau de la mer. Même s'il existe des barrages, ils sont à régularisation annuelle, d'où l'adoption de cette solution de substitution qu'est le dessalement.» Une solution très coûteuse à l'Etat et des stations énergivores.
Pour M. Terra, le problème de manque de ressources énergétiques dans ces stations n'est pas évoqué étant donné qu'elles possèdent des systèmes de recyclage et de récupération de l'énergie électrique qui leur permettent une économie de 10 à 15% de l'énergie électrique consommée. Il faut le dire, l'impact direct des changements climatiques sur la pluviométrie et la crise économique et financière que traverse l'Algérie qui entrave la réalisation de nouvelles infrastructures hydrique ne feront que confirmer le pronostic morose des experts et accéléreront l'arrivée de la catastrophe.


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