L'ouverture partielle des frontières, qui entrera en vigueur ce 1er juin, n'aura d'effet que celui de l'annonce. C'est du moins l'avis d'un collectif réunissant plusieurs organisations, représentantes de la diaspora algérienne à l'étranger. Ce dernier qui dénonçait, depuis des mois, le maintien de la fermeture des frontières et l'interdiction imposée aux algériens de retourner dans leur propre pays, a vite déchanté en prenant connaissance du protocole sanitaire imposé aux passagers par les autorités et des conditions d'entrée et de sortie du pays. Affichant leur grande déception et leur mécontentement, plus d'une vingtaine d'organisations de la diaspora ont interpellé, hier, les autorités les invitant à revoir leur copie. En fait, ces algériens ont voulu exposer les énormes difficultés engendrées par les strictes mesures exigées à tout voyageur vers l'Algérie. Dans une déclaration commune rendue publique hier, ils ont commencé par inviter les autorités à être plus explicites sur le terme d' «ouverture partielle» avant de s'interroger sur les raisons de la limitation des destinations à quatre pays. Un programme de cinq vols hebdomadaires vers la France, la Turquie, l'Espagne et la Tunisie a été annoncé par les services du premier ministre, Abdelaziz Djerad. Certes, les plus grandes communautés d'algériens résident principalement dans ces pays, mais il en existe bien d'autres à travers le monde. Ces algériens se voient, de fait, lésés alors qu'ils attendent, eux-aussi, de pouvoir rejoindre leurs familles depuis plus de 14 mois. À cela vient s'ajouter le nombre très réduit des vols qui ne pourra, en aucun cas, satisfaire la demande importante de la diaspora. En fait, pour les autorités algériennes ce problème sera géré à travers l'exigence d'une autorisation d'entrée et de sortie du territoire national. Et il s'agit justement d'une condition dénoncée par le collectif des associations de la diaspora qui considère qu'un algérien, même en temps de crise sanitaire, n'a pas à obtenir une autorisation exceptionnelle pour entrer dans son pays. Les algériens établis à l'étranger font face à une autre préoccupation majeure. Il s'agit du prix élevé du billet d'Air Algérie. La compagnie aérienne qui connaît une grave crise financière, induite par son inactivité depuis mars 2019, a dû revoir à la hausse ses prix, surtout que dans les vols qu'elle devra assurer, le remplissage ne sera que de 50% en raison de la pandémie. Mais la diaspora qui, elle aussi subit de plein fouet la crise économique engendrée par le coronavirus, n'est pas en mesure de dépenser 500 euros sinon plus pour un billet. C'est d'ailleurs l'un des points soulevé par le collectif dans sa déclaration, appelant les autorités à plafonner le prix du billet. En fait, l'appréhension des algériens établis à l'étranger est justifiée car ces derniers ne devront pas dépenser uniquement le prix du voyage. Ils devront aussi prévoir un budget pour le confinement obligatoire de 5 jours à leur arrivée. Il s'agit là de l'une des étapes de la procédure sanitaire fixée par le comité scientifique à tout passager à son arrivée en Algérie. Ce dernier, pour rappel, doit être détenteur d'une fiche sanitaire dûment remplie, présenter un résultat négatif d'un test RT-PCR datant de moins de 36 heures avant la date du voyage et s'acquitter préalablement des frais inhérents au confinement sanitaire obligatoire de cinq jours auquel il doit se soumettre sur le territoire national ainsi que des frais du test de dépistage de la Covid-19 prévu à la fin du confinement. Si le test est positif, le confinement est reconduit pour une période de cinq autres jours, toujours à la charge exclusive du passager. Pour passer une dizaine de nuitées dans un hôtel, il faut préparer tout un budget qui dépassera de loin le prix du billet! C'est dire qu'exprimer le souhait de rentrer en Algérie ne se fera que par une infime catégorie qui ne compte pas ses sous. C'est pour toutes ces raisons que la diaspora rouspète et considère que l'ouverture des frontières est loin d'en être une. Elle appelle le premier ministre et le comité scientifique à alléger la procédure, notamment pour les passagers déjà vaccinés. Elle demande également l'adoption du dépistage par un test PCR datant de 72 heures avant le départ et non pas de 36 heures car ce temps sera trop réduit pour les résidants dans des pays lointains comme l'Asie et les Etats-Unis. Enfin, la diaspora appelle à l'ouverture des frontières maritimes pour accorder au plus grand nombre d'algériens la chance de revoir les leurs.