Prenant acte de la situation grave dans laquelle est plongée la Tunisie, avec une propagation alarmante de la pandémie de coronavirus, le gouvernement Mechichi a décidé d'imposer un couvre-feu national de 20 h à 5 h, et ce dès aujourd'hui. Tous les voyageurs débarquant dans le pays devront présenter un test PCR accompagné d'un QR Code datant de moins de 72 h. Toutes les autres mesures, en application depuis des mois et jusqu'au 11 juillet, ont été également reconduites, alors que le nombre de gouvernorats (wilayas) en situation de détresse sanitaire augmente à une cadence spectaculaire. Réagissant aux recommandations du comité scientifique, le gouvernement Mechichi tente de parer au plus pressé alors que certains gouvernorats, comme celui de Kairouan, ont lancé un véritable SOS. C'est le cas de Beja, situé à quelques encablures de la frontière algérienne, mais aussi de Sfax, Mahdia et d'autres. La pression s'est considérablement accrue sur les établissements hospitaliers qui ont atteint un seuil de saturation déclarée, contraignant les autorités locales à des mesures palliatives alors que la porte-parole du ministère de la Santé a confirmé la présence de nouveaux variants détectés lors du séquençage génomique, de sorte que le taux des tests positifs a connu une hausse spectaculaire au cours des dernières 48 h. La semaine précédente, le gouvernement avait opté pour un reconfinement total de 28 communes, relevant de plusieurs gouvernorats, jusqu'au 11 juillet du fait d'une situation qualifiée de «critique». Et pour cause, le pays compte plus de 14 000 morts et ses hôpitaux sont au bord de l'asphyxie. Vendredi dernier, on apprenait que le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, avait été déclaré positif au Covid-19 bien qu'il ait déjà reçu les deux doses d'un vaccin. Il s'est adressé le jour-même aux Tunisiens, dans une vidéo sur les réseaux sociaux, pour rassurer sur son état de santé et encourager à la vaccination, assurant qu'il n'avait pas de symptômes graves. Son épouse était, quant à elle, hospitalisée, suite à sa contamination. Pourtant, début juin, des membres du Comité scientifique avaient déjà donné l'alerte sur l'ampleur de la crise sanitaire et prévenu qu'une quatrième vague était à prévoir fin juin, dans tout le pays. Des gouvernorats comme Sidi Bouzid ou Jendouba étaient catalogués comme zones «critiques». A Kairouan, un confinement total d'une semaine avait été instauré et les médecins retraités ont fait l'objet d'une mobilisation exceptionnelle. À Kairouan, un confinement sanitaire ciblé d'une semaine a été décrété et les médecins à la retraite ont été rappelés devant l'augmentation rapide des cas. Lundi, le docteur Aman allah al Masaadi, membre du Comité scientifique, a annoncé que le nombre des malades dans les hôpitaux augmente à nouveau. L'Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) avait même dénoncé, pour sa part, «la nonchalance du gouvernement qui n'applique pas les recommandations du Comité scientifique et garde les lieux publics ouverts». A la base de cette dégradation de la situation, le manque de vaccins puisque sur les 11 millions de Tunisiens, seuls 10% ont reçu une première dose. Il est vrai que la Tunsie n'a obtenu, à ce jour, que 1,6 millions de doses dont seulement 600.000 proviennent du mécanisme Covax. En tout état de cause, il semble bien que la quatrième vague à laquelle le pays est désormais confronté va avoir un impact dramatique, le retour partiel des touristes étant lourdement hypothéqué et cela pour la deuxième saison estivale. Auquel cas, la situation économique qui est particulièrement difficile depuis des mois va, hélas, encore s'aggraver.