Pour sa première sortie publique, le nouveau Premier ministre s'est voulu rassurant sur le volet social de l'action de son gouvernement. Il y a d'abord le geste, qui a consisté en la distribution d'un nombre impressionnant de logements. Ensuite, il y a la déclaration: «L'Etat ne va plus épargner aucun effort pour répondre aux besoins de la population en matière d'accès au logement.» Benabderrahmane ne pouvait pas être plus clair. Par cette première déclaration depuis sa nomination, le Premier ministre entend dissiper toute appréhension sur les intentions de l'Exécutif. En calant son propos avec la célébration du 59ème anniversaire de la double fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, Benabderrahmane annonce ainsi la couleur, à savoir que la rupture qu'entend faire son gouvernement ne sera pas d'ordre social. «L'Etat continuera à soutenir le secteur de l'habitat», affirme-t-il. Cette affirmation donne le ton de la volonté du président de la République de ne pas céder sur l'axe central de son programme. Les partis de la majorité présidentielle n'auront, à bien voir la détermination du Premier ministre, aucune marge de manoeuvre sur le dossier de l'habitat, notamment. «Notre sortie aujourd'hui, vient démontrer le caractère social de l'Etat algérien et aussi l'importance qu'accorde le président de la République pour l'ensemble de ces programmes dédiés à la population en général et aux couches sociales les plus défavorisées», a confirmé Benabderrahmane sur un ton qui ne laisse aucun doute quant à la contribution de l'Etat dans le financement du logement et, au-delà, tous les programmes de soutien aux ménages. Cela inclut les autres subventions, à l'image de l'eau, de l'électricité, du gaz, de la semoule et du lait. À travers «la poursuite du soutien de l'Etat au logement», comme l'a souligné, hier, le Premier ministre, le nouvel Exécutif assume donc totalement «le caractère social et solidaire de l'Etat algérien», indique Benabderrahmane qui, tord ainsi le cou aux allégations sur une probable refonte du système de subventions publiques susceptible de «déclasser» des pans entiers de la société algérienne. Une réforme si elle venait à être adoptée, ne se fera pas sur le dos de la classe moyenne et celle défavorisée de la société, semble insister le Premier ministre. Cette posture est, en tous points, conforme à la vision que se fait le président de la République du rôle social de l'Etat. En défiscalisant les salaires de plus de 30000 DA et en portant le Snmg à 20000 DA, sitôt entré en fonction, Abdelmadjid Tebboune a voulu marquer son quinquennat, comme celui qui ne laissera aucun citoyen sur le bord de la route. Une volonté de maintenir, quoi qu'il en coûte, la fonction sociale de l'Etat, trouve toute sa signification en cette fête de l'Indépendance, en ce sens que ladite fonction figure sur la déclaration du 1er novembre 1954. D'ailleurs, estiment de nombreux économistes, la part en PIB du système de subvention, autour de 10%, est dans la moyenne mondiale. Cela pour dire que les subventions ne constituent pas le frein au développement du pays. C'est plutôt la bureaucratie, principal carburant de la corruption, qui empêche l'émergence de l'économie nationale. En définitif, le Premier ministre, qui met la relance économique en tête de ses missions à la tête de l'Exécutif, n'entend pas rogner sur les transferts sociaux pour financer son plan.