La Tunisie a remis à ses 14 partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution réclamant à l'Ethiopie d'arrêter le remplissage du réservoir de son barrage controversé sur le Nil, dénoncé par l'Egypte et le Soudan, a-t-on indiqué mardi de sources diplomatiques. Dans ce projet, le Conseil de sécurité demanderait à «l'Egypte, l'Ethiopie et au Soudan de reprendre leurs négociations comme demandé conjointement par le président de l'Union africaine et le secrétaire général de l'ONU, afin de finaliser, sous six mois, le texte d'un accord contraignant sur le remplissage et la gestion du (barrage) GERD». L'objectif est de «garantir la capacité de l'Ethiopie à produire de l'hydroélectricité à partir du GERD tout en évitant d'infliger des dommages importants à la sécurité en eau des Etats en aval», précise le texte. Le Conseil de sécurité réclamerait aussi «aux trois pays de s'abstenir de toute déclaration ou mesure susceptibles de compromettre le processus de négociation», et prierait «instamment l'Ethiopie de s'abstenir de continuer à remplir unilatéralement le réservoir du GERD». Lundi soir, l'Egypte a annoncé avoir été informée par Addis Abeba du début de la 2e phase de remplissage du barrage, construit par l'Ethiopie en amont du Nil. Mardi, le Soudan a dit avoir reçu la même notification. Ce mouvement risque d'aggraver la tension entre les trois pays alors que la Tunisie, membre non permanent du Conseil où elle représente les pays arabes, a demandé une réunion publique d'urgence jeudi de cette instance sur le barrage controversé. L'Egypte et le Soudan devraient être représentés à cette séance par des ministres, selon des sources diplomatiques. Aucune date n'a encore été avancée pour un vote du projet de résolution. Selon des diplomates, il semble difficile qu'il puisse être soumis à un scrutin dès jeudi à l'occasion de la réunion du Conseil de sécurité. Le Grand barrage de la Renaissance (GERD) de l'Ethiopie fait l'objet depuis plusieurs années d'un conflit avec l'Egypte et le Soudan qui craignent pour leurs ressources en eau. L'Ethiopie assure que le barrage est vital pour répondre aux besoins en énergie de ses 110 millions d'habitants et refuse une saisie de ce dossier par le Conseil de sécurité. Mais tel n'est pas l'avis de l'Egypte et du Soudan qui ont multiplié les mises en garde et appelé à de nombreuses médiations dont celle de l'Union africaine, restées à ce jour sans résultat notable.