L'Italie est de retour au sommet! Les Azzurri, en pleine renaissance, ont brisé le rêve de l'Angleterre aux tirs au but (1-1, 3-2 t.a.b.) pour s'adjuger un deuxième titre européen, dimanche, en finale de l'Euro à Londres, dans le volcan incandescent et indiscipliné de Wembley, temple du foot au coeur gros. La Mère patrie du ballon rond pensait enfin ramener un titre à la maison, 55 ans après le dernier acquis en Coupe du monde 1966. Mais la bande de Gordon Banks, Bobby Charlton et Geoffrey Hurst, tombeuse de la RFA à domicile, n'a pas encore trouvé de successeurs. C'est finalement l'Italie du mister Mancini, pourtant douchée d'entrée par les Anglais (2e, 1-0), qui monte sur le trône laissé vacant par les Portugais, champions d'Europe en 2016 sur le terrain des Français. La malédiction du pays hôte a cette fois frappé l'Angleterre, pourtant portée par la ferveur incroyable d'un peuple passionné et qui a tout donné. Mais au petit jeu des tirs au but, les Anglais se sont littéralement écroulés, malgré deux arrêts de Pickford. Rashford, Sancho et Saka ont raté leur tentative, laissant le gardien italien Donnarumma exploser de bonheur, devant la tribune désormais éteinte des plus fervents supporters anglais. C'est une véritable douche froide pour la sélection des «Three Lions», persuadée que son heure était enfin venue. Devant Wembley, une marée rouge et blanche a chaviré en fin d'après-midi, bercée par les tubes Football is Coming Home ou Sweet Caroline, dans une odeur teintée de fumigènes et d'alcool, avec des débris de verre par milliers et des masques quasiment absents. L'ambiance s'est parfois tendue quand des personnes, éméchées, ont jeté en l'air des pierres, canettes de bières, sacs à dos et cônes de signalisation sur des passants, ou quand des supporters sans billet ont réussi à s'introduire dans le stade, selon la police et la société gestionnaire du stade londonien. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, visiblement prise dans les couloirs du stade, on peut voir un groupe d'hommes frapper à coups de pieds et de poings, y compris quand des gens sont à terre, alors que des agents du stade tentaient d'intervenir. Sur les écrans, le prince Williams est apparu hilare au moment de l'ouverture du score anglaise, survenue après seulement une minute et 57 secondes. L'identité de l'improbable buteur y était aussi, peut-être pour quelque chose: Luke Shaw a attendu le jour de son 26e anniversaire pour inscrire son premier but en sélection, dépassant un record de précocité dans une finale de l'Euro qui datait depuis 1964. «Lucky» Luke a dégainé d'une demi-volée sèche au second poteau à la réception d'un centre de Kieran Trippier, l'invité surprise du onze de départ anglais, après une montée de balle du capitaine Harry Kane qui a fait lever tout le stade. Un dégagement en touche en force? Le public se lève, le poing rageur! Un contrôle italien mal exécuté? Pareil. Le public anglais a montré qu'il avait du coffre, mais aussi du vice parfois, comme lorsqu'il a copieusement sifflé Fratelli d'Italia, l'hymne italien. Avec leur jeu court et leurs dribbles habiles, les Azzurri ont bien essayé de remettre l'église au centre du village, mais Federico Chiesa a manqué sa première tentative (34e) et Lorenzo Insigne n'a pas fait mieux (51e). À force de pousser, ils ont pourtant fait craquer leurs rivaux. Jordan Pickford a repoussé l'échéance une première fois avec sa main ferme sur une frappe de Chiesa (62e), mais pas la seconde. Il a, certes, repoussé une tête de Verratti sur le poteau, mais l'inusable défenseur Benucci a bien suivi (67e). Neuf ans après sa dernière finale d'Euro, perdue en 2012 contre l'Espagne (4-0), la Nazionale rentre chez elle avec un nouveau titre et encore plus de certitudes qu'au début du tournoi. Sous l'impulsion de Roberto Mancini, elle s'est replacée dans la cour des grands et dans plus d'un an, elle lorgnera forcément sur la Coupe du monde au Qatar.