«Nous ne faisons pas dans l'annonce politique et démagogique comme dans certains pays. Lorsque nous annonçons des choses, nous les faisons et nous allons jusqu'au bout de nos engagements.» La déclaration est de Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, le ministre de l'Industrie pharmaceutique. L'invité de la Radio nationale chaîne 3 a été formel: l'Algérie produira le vaccin russe Spoutnik V et le chinois Sinovac, en septembre. «Nous sommes en contact très avancé pour la production du vaccin. Des réunions très régulières ont lieu plusieurs fois par semaine entre Saidal, le ministère de l'Industrie pharmaceutique, des cadres de l'institut Pasteur et des chercheurs locaux. On peut annoncer que nous allons produire et le Spoutnik et le vaccin chinois Sinovac et on sera dans les délais. Les pré-contrats ont été déjà signés, les problématiques techniques ont été résolues, le site de Constantine est prêt» a déclaré Benbahmed, avant d'ajouter «on peut annoncer que, d'ici la fin du mois, on devrait recevoir les techniciens chinois pour préparer l'arrivée des matières premières en août. Dès septembre, nous aurons un premier vaccin fait. Nous n'avons pu compter que sur des pays amis, la Chine et la Russie, pour transférer cette technologie et mettre en place une plate-forme de production, qui répondra aux besoins de l'Algérie et ceux de la région aussi.» La fabrication des deux vaccins se fera donc, par Saidal, sur le site de Constantine qui prévoit, dans un premier temps, une capacité de production de 2,5 millions de doses de vaccin par mois. Cette capacité pourra être facilement revue à la hausse en recourant à huit autres unités de fabrication existantes. Le ministre, qui vient de confirmer ce qui a déjà été annoncé, depuis des mois, a cependant apporté un éclaircissement de taille: il ne s'agira pas pour l'Algérie de faire dans une production complète du vaccin, mais juste une mise en flacons. Autrement dit, le pays va importer la matière première et faire du filin finish pour les deux vaccins. C'est du moins ce qui est prévu pour une première étape. Uniquement pour le vaccin russe, il y aura une seconde étape, qui prévoit la fabrication, localement, une fois le transfert de technologie effectué, de la matière première. «Pour le vaccin chinois, il ne s'agira que du filin finish, mais pour le russe, on ira vers la production de la matière première, mais il faudra un peu plus de temps pour y arriver» a expliqué le ministre, assurant que l'Algérie compte se lancer dans un partenariat de très haut niveau avec son partenaire russe. Saidal, comme il l'explique, ne compte pas produire uniquement le vaccin, mais aussi tous les médicaments d'oncologie et, de manière plus globale, tous les produits issus de la biotechnologie. Ces derniers sont «des produits pour lesquels nous dépensons près de 600 millions d'euros par an. Il y a trois à quatre produits qui dépassent les 150 millions d'euros d'importations, annuellement et qui seront produits par Saidal grâce au transfert de technologie» a fait savoir l'invité de la radio. Le ministre a rappelé l'objectif premier de l'Algérie, de faire baisser la facture des médicaments qui devra s'établir cette année, à 1,2 milliard de dollars, alors qu'elle était de 2 milliards en 2019. Répondant à une question d'un auditeur, qui s'interroge sur l'intérêt d'importer de la matière première pour faire uniquement dans le fillin finish, le ministre a tenu à souligner que le vaccin mis en flacons par Saidal, va revenir 45% moins cher que celui importé. «Avec le filin finish, il sera possible de gagner 5 à 6 dollars par dose, et lorsqu'on devra produire 50 millions de doses, cela fera 250 millions de dollars d'économie, ce qui n'est pas négligeable. Une fois la phase de la fabrication de la matière première atteinte, on gagnera alors jusqu'à 90% du prix». Revenant sur la disponibilité des vaccins pour la campagne de vaccination de masse qui a été lancée,. Benbahmed a rappelé que l'Algérie devra recevoir, d'ici la fin de l'année, 15 millions de doses du Sinovac. Il ne dira, cependant, pas un mot sur la livraison du reste des 500 000 doses du Spoutnik, commandées par l'Algérie, mais qui n'a toujours pas été livré. Il a annoncé, par ailleurs, que son département préconisait d'autoriser les pharmaciens d'officine à pratiquer les tests antigéniques de détection du coronavirus, afin d'éviter l'encombrement des hôpitaux. S'exprimant, enfin, sur la production de l'oxygène en Algérie, le ministre a indiqué que de «petites perturbations» ont été enregistrées en raison de la révision technique des équipements d'un des producteurs, mais la production a retrouvé, en ce début de semaine, son niveau normal et a même augmenté à 500 000 litres/jour depuis lundi. Mais pour éviter toute carence, un comité de veille et de suivi de la disponibilité de l'oxygène médical et l'approvisionnement des établissements hospitaliers a été mis en place, hier, par le département de Benbahmed.