36 Algériens, au moins, ont péri dans les incendies qui s'étaient déclaré dans de nombreuses wilayas du pays. Ils sont 17 citoyens de Tizi-Ouzou, un de Sétif, un gendarme et 17 soldats ont payé de leurs vies la lutte contre les flammes qui ont dévoré des centaines d'hectares. 28 blessés ont également été enregistrés, dont certains gravement. C'est le bilan, encore provisoire, d'un drame national qui pose déjà de nombreuses questionnement. Départs de feu simultanés en plusieurs endroits sur trois opérations au moins, toutes chronométrées, à des heures précises de la journée, de l'après-midi et du début de soirée. Dans la wilaya la plus touchée, Tizi Ouzou, les professionnels de la forêt n'ont aucun doute. L'origine des incendies est criminelle. Une trentaine de feux déclenchés au même moment ne sauraient être le fruit du hasard. Le bulletin météo annonçant une canicule dans la région ne peut pas expliquer une simultanéité d'une telle ampleur. Le conservateur des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou est formel. "De par notre expérience, il est impossible que l'origine de ces départs de feu soit naturelle, il s'agit d'incendies criminels", a-t-il assuré. Et lorsque ces incendies s'étendent sur 18 wilayas du Centre et de l'Est du pays, il est tout à fait permis d'émettre l'hypothèse d'un acte prémédité et commis par des individus, dont le dessein est bien plus complexe qu'un simple crime de pyromanie exprimant généralement une maladie mentale. L'acte ne peut également pas trouver une explication économique, du genre rogner sur la forêt pour en dévier l'usage. Le ministre de l'Intérieur ne s'y trompe, d'ailleurs, pas et confirme l'origine criminelle de ces incendies. Le mode opératoire qui ne doit rien au hasard. Il y a préméditation. Cela s'est clairement établi par la proximité des départs de feu des zones montagneuses habitables. Le nombre effarant de victimes, témoigne de l'intention meurtrière. Des villages entiers se sont retrouvés dans un cercle de feu, aggravant ainsi le sentiment de panique et donnant la nette impression d'un ciblage décidé antérieurement par les incendiaires. Les scènes de désolation diffusées sur les réseaux sociaux ont montré l'ampleur du traumatisme causé par les feux sur des milliers de familles. Il y a dans cette tentative d'enflammer une large région du pays, une volonté de choquer les citoyens, de les amener à la panique, de détruire des vies humaines. C'est, à proprement parler, un attentat terroriste majeur perpétré contre des centaines de milliers d'Algériens vivant sur une bande forestière de plusieurs centaines de kilomètres. Les enquêtes diligentées par les services de sécurité établiront le mobile des criminels. Mais l'on peut d'ores et déjà avancer des pistes probables susceptibles d'expliquer cette catastrophe, sachant que ce n'est pas la première fois que des régions entières du pays se retrouvent victimes de feux de forêt très suspects. Les graves incendies dans les forêts de Khenchela, les nombreux témoignages qui ont précédé et succédé l'événement malheureux rappellent, à ce propos, que la préméditation n'est pas une thèse fantaisiste, bien au contraire. Avant l'épisode de Khenchela, les importants incendies qui s'étaient déclarés en plein automne de l'année dernière et dont le caractère criminel avait été dénoncé par les plus hautes autorités du pays, constituent les prémices d'un attentat d'envergure. Ce que vit le Centre et l'Est du pays, ces deux derniers jours peut fort bien être considéré comme un acte hostile contre l'Algérie. L'étendue des territoires concernés par les incendies disperse considérablement les moyens dont dispose la Protection civile pour lutter contre les feux de forêt. On peut supposer que l'objectif des incendiaires est de parvenir à un niveau tel de sinistre que l'Etat se retrouve dépassé et les incendies totalement hors de contrôle. Et lorsque lesdits incendies évoluent sur un espace forestier de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés et que les flammes menacent sérieusement des villages entiers, on peut mesurer l'énormité de la tâche qui dépassera les compétences des services de l'Etat engagé dans la lutte contre les incendies. Ce scénario peut paraître abracadabrant, mais il demeure néanmoins réaliste au regard du mode opératoire des instigateurs de ces 72 départs de feu. Il est d'autant plus important pour les services de sécurité d'en éluder chaque détail, qu'il n'est pas interdit que l'on soit à une première phase d'un plan autrement plus diabolique, dont l'objectif final, n'est pas de terroriser des centaines de milliers de citoyens, mais de provoquer une situation d'instabilité généralisée dans le pays. Cette série d'incendies intervient dans un contexte très particulier avec une pénurie d'eau qui suscite beaucoup de mécontentements et une reprise épidémique, avec son lot de morts et de manque d'oxygène. Les cercles hostiles à l'Algérie peuvent penser que le fruit social est mûr. Une étincelle du genre de ce qui se produit ces derniers jours, pourrait à terme, provoquer une situation intenable.