«Les sociétés étrangères implantées en Algérie empochent 3 milliards de dollars chaque année, en matière de sous-traitance, de main-d'oeuvre, d'assistance technique et autres travaux, alors que ce pactole devrait revenir, au moins en grande partie aux entreprises nationales, notamment à la main-d'oeuvre et l'artisanat algérien», a révélé M.Mustapha Benbada le ministre de la Petite et Moyenne entreprise, lors de son passage, ce dimanche, à Bordj Bou Arréridj. Cette déclaration révèle une situation dangereuse pour l'économie nationale et sa relance avec les grands projets initiés par le président de la République dans le cadre du plan quinquennal : la main-d'oeuvre algérienne n'est pas qualifiée ou bien l'on suppose qu'elle n'est pas apte à assurer une qualité de travail et une rapidité d'exécution. Mieux, si l'on fait appel à la main-d'oeuvre étrangère alors que dire de notre dispositif de formation des blouses grises alors que chaque wilaya recèle au moins une dizaine de centres de formation. Le ministre de la PME, même s'il est satisfait des résultats en matière de création d'entreprises, réduisant le taux de chômage, considérablement, à l'intérieur du pays, l'investissement dans «l'intelligence du travail», «les projets innovants» et la formation supérieure dans l'artisanat, reste insuffisant, devine-t-on de l'intervention du ministre devant les investisseurs bordjiens. C'est donc vers d'autres créneaux de la formation spécifique que doit s'orienter la formation professionnelle. L'Algérie est-elle obligée de chercher à l'étranger un maçon-génie, un peintre en bâtiment spécialisé, un mécanicien doué, en clair, un artisan «intelligent» capable de raffiner son travail et de l'exécuter dans les délais requis? Toute cette capacité de travail, amélioré dans tous les domaines ne puise-t-elle pas ses origines dans l'artisanat traditionnel d'abord et développée avec les mutations économiques et sociales nationales et, bien sûr, imprégnée de la technologie internationale. C'est dans cette optique, peut-être, que le ministre a insisté sur la création de Maisons de l'artisanat, demandant à chaque wilaya de réfléchir sérieusement à un regroupement par filière des métiers et des arts traditionnels. D'autres pays ont choisi cette voie, comme la France, où l'artisan a son propre label, protégé par l'Etat, ce qui explique que l'artisanat de ce pays est prisé et que cette main-d'oeuvre est très recherchée dans le monde, au même titre que les Chinois, les Japonais dans les domaines qui les caractérisent proprement. C'est probablement cette main-d'oeuvre que cherchent les responsables algériens, d'ailleurs, maintes fois évoquée par le président de la République lors de ses visites sur le terrain, à l'exemple de sa dernière sortie dans la capitale. Pour les autres thèmes, à vrai dire, l'intervention du ministre est claire, l'investissement à long terme manque en Algérie, les banques sont plutôt commerciales que génératrices de ressources à long terme. Les idées développées par le ministre, dont certaines concrétisées sur le terrain, sont certainement prépondérantes dans la place qu'occupera l'Algérie à l'avenir dans un monde concurrentiel ; dans ce sens, la formation, et l'information économique demeurent des atouts majeurs.