La sous-traitance constitue un véritable vecteur de développement industriel et d'amélioration de la compétitivité des PME/PMI algériennes. Chaque entreprise doit consacrer ses moyens financiers humains et techniques aux domaines dans lesquels elle excelle, plutôt que de se disperser dans ceux qui sont bien mieux maîtrisés par d'autres et dont c'est la vocation. Ainsi, l'entreprise investit là où elle gagne et elle se renforce effectivement en faisant appel au concours d'autres, qui élargissent considérablement son potentiel à leur égard. En sous-traitant, l'entreprise réalise des gains de compétitivité très importants. Mais en dépit de tous les avantages qui se dégagent de ce créneau, les sous-traitants nationaux sont marginalisés dans le cadre des passations de marchés publics. Un avis qui a fait l'unanimité des professionnels invités, hier, à prendre part à la table ronde organisée au centre de presse d'El Moudjahid. Les professionnels n'ont pas loupé cette opportunité de rappeler que malgré l'instruction du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, adressée aux entreprises publiques afin d'accorder la priorité dans les opérations de sous-traitance aux opérateurs algériens, ces derniers n'ont pas été vus comme prioritaires. Cette instruction portant règlementation des marchés publics stipule qu'"une marge de préférence de 15 % est accordée au produit d'origine algérienne pour tous les types, à savoir l'acquisition de fournitures, la réalisation de travaux, la prestation de services et la réalisation d'études". Les participants ont déploré le fait que les donneurs d'ordre nationaux ne confèrent pas d'opportunités pour les sous-traitants nationaux. A titre d'exemple, HB Technologies est une société de droit algérien, spécialisée dans la production et la personnalisation de toute la gamme de cartes intelligentes "smartcards" hautement sécurisées, y compris les documents d'identification biométrique. Cette société recèle une panoplie de produits réalisés. Il s'agit, entre autres, de la carte de fidélité, la carte de recharge ou à gratter, la carte de téléphonie fixe, la carte à puce GSM phase 2+ / 3G, la carte bancaire et de la carte d'identification. HB Technologies a, également, fabriqué pour le compte d'Algérie Poste, plus de 6 millions de cartes de retrait. Mais en dépit de toutes ces prestations, cette société s'est vue écartée à plusieurs reprises dans le cadre d'attribution de marché. "Au départ, c'était sous prétexte du non-respect des normes internationales. Et c'est ainsi qu'en termes de management, on a œuvré sérieusement en vue de répondre aux normes internationales ISO/CEI et se soumettre aux exigences de sécurité physique et logique Europay Mastercard & Visa, EMV", dira M. Hamid Benzitouni, directeur général de cette société. Et d'ajouter qu'"à l'heure actuelle, même si on répond pratiquement à toutes les exigences, on assiste encore à cette marginalisation. Pour preuve, une société étrangère a été désignée pour produire des cartes de santé, alors que nous sommes entièrement capable de faire autant. Les donneurs d'ordre préfèrent faire travailler des étrangers que de faire travailler les Algériens". Outre l'exemple cité, pour mieux cerner le problème du développement de la sous-traitance en Algérie, celui inhérent au secteur des hydrocarbures. "Les sites pétroliers de Sonatrach comptent de nombreuses unités de sous-traitance étrangères. La plus importante société algérienne favorise le recourt à l'importation de plus de 4 milliards de dollars de pièces, or celles-ci peuvent être produites dans le cadre de la sous-traitance", dira le président du Conseil national consultatif de la PME, M. Zaïm Bensaci. Dans le même contexte,le président du CNC a déploré le fait que les entreprises de sous-traitance nationales ne soient pas très développées en dépit de l'important potentiel de développement de la sous-traitance, et notamment à l'extérieur, au vu des coûts d'énergie, notamment, très intéressants. "Il faut aider les PME à accéder plus facilement à des assiettes foncières, à acquérir de la technicité ainsi qu'au financement", a-t-il dit, tout en ajoutant que "sans les PME, la sous-traitance n'existera pas. Il faut instaurer toutes les conditions optimales dans l'ensemble des secteurs afin de permettre le développement de ce créneau en Algérie". Par ailleurs, Zaïm Bensaci a déploré l'absence de grandes entreprises nationales donneuses d'ordre en matière de sous-traitance, hormis quelques sociétés, à l'instar de la Société nationale des véhicules industriels. Selon, M. Mokhtar Chahboub, président-directeur général du groupe, la SNVI, grâce au réseau de la sous-traitance national qui lui produit diverses pièces, a pu économiser près de 4 millions d'euros. "La SNVI travaille avec 544 sous-traitants nationaux dont 33 sont des entreprises publiques, 347 d'entre elles se chargent de la production et 200 activent dans les services. A la faveur de ce constat, notre groupe, au cours de l'année 2007, a vu près de 30% des besoins produits localement", a-t-il ajouté. H. Mohandi