Enfin! Il aura fallu à peine deux mois au secrétaire général de l'ONU pour nommer le Russe Alexander Ivanko et lever, ainsi, le voile épais qui rendait incertaine la désignation d'un envoyé spécial au Sahara occidental, une douzaine de propositions, sur les treize effectuées, ayant été systématiquement entravées par le Royaume marocain, la dernière en date ayant concerné Staffan de Mistura. Nul doute que l'insistance pressante des Etats-Unis, porte-plume du Conseil de sécurité de l'Onu sur le conflit du Sahara occidental, ultime colonie du continent africain, pour que Rabat s'incline et renonce à sa politique dilatoire, à l'heure où une répression féroce est menée, depuis de nombreux mois, contre la population sahraouie. En novembre 2020, l'attaque des forces marocaines contre des civils à El Guerguerat a eu pour conséquence la fin du cessez-le-feu, en vigueur depuis 1991, et la reprise légitime des hostilités par le Front Polisario dont la patience a été éprouvée pendant des décennies. Le louvoiement incessant, les reniements successifs et la tactique de l'inertie, conjuguée à la répression, ont toujours caractérisé la démarche du Royaume marocain qui, pour s'affranchir des obligations internationales relatives à la question de décolonisation du Sahara occidental, n'a jamais cessé de contrecarrer les missions des différents envoyés spéciaux qui se sont succédé sur le terrain, notamment les Américains James Baker et Christopher Ross. Dans un tel contexte, la mauvaise foi est devenue une arme diplomatique à laquelle recourent en permanence les représentants du Makhzen, dont celui qui multiplie les provocations aux Nations unies. Ce qui a conduit l'ambassadeur d'Algérie à l'ONU, Sofiane Mimouni, lors du séminaire régional du Comité spécial de décolonisation onusien, à lui rappeler que «le Royaume du Maroc figurait parmi les trois pays voisins ayant soutenu le droit légitime du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination et à l'indépendance». Et comme il semble «avoir la mémoire courte, que la question du Sahara a été, et demeure, inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU, depuis 1963, et a bénéficié de l'appui de trois pays voisins, à savoir, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie». Ledit diplomate marocain brille par les seuls arguments d'invective et des mensonges éhontés, cherchant sans cesse à impliquer l'Algérie comme protagoniste obligé du conflit. Ce qu'il feint d'ignorer, c'est que «le sommet des chefs d'Etat de l'OUA qui s'est tenu à Rabat en juin 1972 a adopté une résolution sur le Sahara dit espagnol par laquelle les chefs d'Etat africains, dont le roi du Maroc, Hassan II, déplorent la lenteur avec laquelle l'Espagne procède à la décolonisation de ce territoire et engage, une fois de plus, l'Espagne à instaurer un climat de liberté et de démocratie dans lequel le peuple de ce territoire pourra exercer son droit à l'autodétermination et à l'indépendance, dans les plus brefs délais, en application de la Charte des Nations unies». Raison pour laquelle, assène l'ambassadeur algérien à l'ONU, «le soutien du Maroc au droit légitime du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination et à l'indépendance était on ne peut plus clair», avant que ne se dévoile son ambition prédatrice et qu'il n'envahisse le territoire non autonome. Une caractéristique de l'expansionnisme du Royaume marocain qui n'a jamais cessé de convoiter des territoires des pays voisins, aussi bien 1'Algérie en 1963, que la Mauritanie, contestant, jusqu'à l'absurde, un principe fondateur de l'Organisation de l'Unité Africaine -OUA-, puis de l'Union Africaine -UA-, celui de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. En sa qualité de chef de la Minurso, le nouvel envoyé spécial est au fait de toutes ces manoeu-vres et de tous les obstacles auxquels se sont heurtés tous ses prédécesseurs. Aussi lui faudra-t-il de la détermination, de la persévérance et, si nécessaire, nommer le chat un chat, pour sortir le conflit de l'ornière dans laquelle le Makhzen voudrait continuer à l'enfoncer.