En septembre, c'est aussi la rentrée judiciaire. Certes pas l'officielle, programmée généralement pour octobre en présence du ministre de la Justice, mais celle du retour des grands procès de corruption. Ainsi, après le feuilleton des révélations de Mme Maya, Tliba, Ould Abbès et bien d'autres, une nouvelle série sera lancée dans les tout prochains jours. À l'affiche, des noms d'ex-hautes personnalités du pays dont celui de Saïd Bouteflika, ex-conseiller et frère de l'ancien président déchu. Ce dernier, condamné pour «complot» à 15 ans de prison ferme par le tribunal militaire, avant d'être acquitté en appel, a été transféré en janvier de la prison de Blida, où il a été incarcéré le 5 mai 2019, à la prison d'El Harrach. Saïd Bouteflika a été mis à la disposition du procureur de la République près le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M'hamed où, impliqué dans d'autres dossiers de corruption, il a été entendu à plusieurs reprises déjà par le juge d'instruction, notamment pour le financement du 5ème mandat et dans l'affaire de Tayeb Louh, l'ancien ministre de la Justice. La programmation du procès des deux anciens responsables est plus que probable dans l'actuelle session pénale. Hamid Melzi, l'ancien directeur général de la résidence d'Etat «Sahel» (Moretti et Club des pins), sera le 13 septembre prochain, face au juge. L'audition à la barre de l'homme qualifié d'être une véritable boîte à Pandore, est des plus attendues. Ce dernier est accusé dans une affaire de corruption à grande échelle où il serait question d'abus de fonction et de transfert illicite de millions d'euros vers l'étranger. Outre les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal qui sont impliqués dans cette affaire, des enfants de Melzi sont aussi poursuivis. Des révélations fracassantes sont également attendues dans le procès de Ould Kaddour. L'ex-P-DG de Sonatrach, extradé en août dernier des Emirats arabes, est poursuivi pour les dépenses liées à l'acquisition et la réhabilitation de la vieille raffinerie Augusta qui s'élèvent à quelque 975 millions $, mais aussi pour des marchés octroyés de gré à gré avec en prime une accusation de surfacturation. Mais ce n'est pas uniquement sur sa gestion que Ould Kaddour est attendu, mais plus pour connaître ses complices et ceux qui lui ont permis une réhabilitation après avoir été accusé d'espionnage et d'intelligence avec l'étranger en 2007. Imane Houda Feraoun devra, elle aussi, rendre des comptes. L'ancienne ministre de la Poste répondra aux chefs d'accusation liés à la corruption dont la dilapidation des deniers publics, l'octroi d'indus privilèges et l'abus de fonction, le 20 septembre prochain. Le nom de la plus jeune ministre des gouvernements successifs de l'ex-président Bouteflika, placée en détention le 8 décembre 2020, est revenu souvent dans le procès des frères Kouninef dont la société Mobilink aurait bénéficié d'avantages pour l'installation de 20 000 cabines téléphoniques. Il y a également les contrats passés pour un flux Internet de haute qualité. Outre Houda Feraoun, les procès de Hamid Temmar ou encore Djamila Tamazirt seront programmés. L'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui croupit en prison depuis près de 2 ans, devrait voir son procès programmé. Khalida Toumi est poursuivie pour dilapidation, attribution d'avantages injustifiés et abus de fonction dans le cadre des trois manifestations culturelles à savoir «Alger, capitale de la culture arabe en 2007», «le Festival panafricain de 2009» et enfin, la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique de 2011». À Constantine, les auditions de l'ancien Premier ministre, Noureddine Bedoui portant sur le projet de la nouvelle aérogare internationale, se sont clôturés par les services de sécurité. Son dossier a été transmis à la justice qui avait déjà vu son nom apparaître dans plusieurs affaires liées au foncier à l'époque où il était ancien wali mais aussi dans l'octroi d'indus avantages s'agissant de marchés publics. Son nom a également été cité lors du procès de l'ex-patron de la Dgsn, Abdelghani Hamel et celui de l'ex-député d'Annaba Baha Eddine Tliba. Mahieddine Tahkout, aux côtés des anciens responsables, aura un nouveau procès le 19 septembre prochain, tout autant que les accusés dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, programmée pour l'actuelle session pénale. Il y a l'affaire du groupe Amenhyd, impliquant l'ancien Premier ministre Sellal, d'anciens ministres du secteur de l'eau et 5 ex-walis, qui devra être programmée. Outre ces affaires de corruption, la justice devra se pencher aussi, sur d'autres dossiers comme le procès en appel de l'islamologue Saïd Djabelkhir, prévu pour le 20 septembre, celui de Karim Tabbou programmé le 27 du mois. Le procès de Ali Ghediri, en détention depuis plus de 27 mois, est programmé pour le 22 septembre prochain. Pour le général à la retraite, les juges ont décidé de ne retenir que le chef d'inculpation d'«atteinte au moral de l'armée». Son collectif d'avocats s'est pourvu en cassation et la Cour suprême a rendu, dernièrement son verdict, en renvoyant le dossier pour un second examen, devant la même juridiction autrement composée. Une décision qui suscite beaucoup d'espoir.