Il est considéré, à juste titre, comme le plus grand artiste kabyle de toutes les époques. Beaucoup voient en lui le maître de tous les artistes qui sont venus après lui. Du moins, de ceux qui ont choisi le même style musical que lui. Mais, même ceux qui ont opté pour d'autres genres musicaux ont appris beaucoup de Slimane Azem, notamment dans le domaine de la poésie. Car Slimane Azem est d'abord et avant tout un énorme poète ayant marqué toutes les générations. La diversité thématique de sa poésie, ajoutée à la force du verbe, à ses métaphores, à la beauté et prégnance de ses expressions ainsi qu'aux images poétiques qui y sont imbriquées, font de ses textes une œuvre monumentale en langue amazighe. Une infinité de ses poèmes sont devenus des citations proverbiales qui illustrent les discussions quotidiennes des locuteurs kabyles. « Aken is yenna Slimane Azem » (comme l'a si bien dit Slimane Azem) est une expression que l'on entend à ce jour dans les différentes discussions. C'est dire à quel point le géant Slimane Azem a marqué les esprits par son œuvre poétique d'une originalité unique. D'ailleurs, jusqu'à un passé très récent, on a toujours attribué le succès immense et phénoménale de Slimane Azem à sa poésie seulement. Une erreur monumentale. Car, en plus de sa poésie, on ne peut pas nier que Slimane Azem est doté de l'une des plus belles voix de la chanson kabyle. Ces mélodies, de véritables merveilles Peut-on aussi ignorer ses mélodies qui sont toutes ou presque de véritables merveilles qui sont d'ailleurs reprises plus tard, par une infinité d'autres artistes, dont certains sont devenus de grands chanteurs à leur tour. Quel est l'interprète kabyle qui n'a pas joué les musiques de Slimane Azem en faisant ses premiers pas ou encore en montant sur scène durant les premières années de leurs carrières. Plusieurs musiques composées par l'illustre Slimane Azem ont même servi à de nombreux chanteurs qui les ont habillées de leurs propres textes pour en faire de nouvelles œuvres, souvent en guise d'hommage au maître d'Agouni Gueghrane. On pensera plus particulièrement aux musiques des chansons Attas Aysebregh, Daghriv Daberrani, À Moh à Moh, Ahya babaghayou, Amek aranili sousta, Saha di lwaqth agheddar, Fegh ayajrad tamurt-iw, etc. Slimane Azem est un artiste mythique. Son œuvre est gigantesque .Une poésie qui s'écrit continuellement En plus de son aspect très prolifique, sa poésie est un livre qui s'écrit continuellement, de son premier poème jusqu'au dernier. Les thèmes sont tous liés d'une manière ou d'une autre et ils sont réalistes. Ils reflètent, avec une fidélité et une exactitude de génie, la vie à travers plusieurs époques en Kabylie. En dépit du fait que Slimane Azem ait quitté la Kabylie et a vécu loin de cette dernière pendant plusieurs décennies, il est y est resté attaché jusqu'à sa mort. Il n'a pas cessé de chanter sur l'Algérie et la Kabylie qu'il n'a pas pu oublier malgré le temps qui passe. Ses plaies ne se sont jamais cicatrisées comme en témoignent les dizaines de chansons écrites sur le thème de l'exil. Un exil amer et sans remède. Son inspiration, quand il chantait sur l'Algérie, ne s'est jamais tarie, bien qu'il est resté des décennies sans revoir les montagnes et les fontaines qui l'ont tant envoûté, et qu'on retrouve impeccablement décrites dans une infinité de chansons comme Aâssas n tala, À Moh à Moh, Anetsruhu netsughal, Ur iruh ur yekkim, Afrux iffirelès, Daghrib daberrani… On a du mal à imaginer la chanson kabyle sans Slimane Azem et son apport incommensurable. Slimane Azem est la chanson kabyle ce que Victor Hugo est à la littérature française. Qui osera dire le contraire ?