L'Iran a démis de son poste de vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, également négociateur en chef pour son dossier nucléaire, a annoncé la diplomatie iranienne. Devenu conseiller au ministère, M. Araghchi est remplacé en tant que vice-ministre par Ali Baghéri, un proche du nouveau président Ebrahim Raïssi, a précisé, mardi soir, le ministère iranien des Affaires étrangères. Le ministère n'a pas précisé si M. Baghéri, ancien membre de l'équipe négociatrice connu pour son refus de toute concession aux Occidentaux, devenait également négociateur en chef pour les discussions sur le nucléaire. Des discussions ont commencé en avril à Vienne mais sont,aujourd'hui, au point mort entre l'Iran et les cinq puissances encore parties à l'accord international sur le nucléaire iranien pour tenter de permettre le retour dans ce pacte des Etats-Unis. Conclu en 2015, cet accord offre à Téhéran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique, et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l'ONU. Téhéran a toutefois progressivement abandonné la plupart de ses engagements après le retrait unilatéral des Américains de l'accord en 2018. Le remaniement iranien intervient quelques jours après qu'un accord à été négocié entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique concernant la surveillance des installations iraniennes, réveillant l'espoir d'une reprise imminente des pourparlers dans la capitale autrichienne. Considéré comme un proche du guide suprême iranien, Ali Khamenei, M. Baghéri, 53 ans, avait été désigné en 2019 adjoint aux affaires internationales de l'Autorité judiciaire par Ebrahim Raïssi, devenu en août président. M. Raïssi a succédé à Hassan Rohani, artisan de l'accord international qui avait permis de mettre fin à douze années de crise autour de la question nucléaire iranienne. M. Baghéri a reproché à plusieurs reprises à M. Rohani d'avoir accepté des restrictions sur le programme nucléaire du pays et d'avoir permis aux «étrangers» d'accéder aux sites iraniens.Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a dénoncé des incidents «inacceptables» alors que des gardes de sécurité iraniens sont accusés d'avoir harcelé physiquement plusieurs inspectrices du gendarme onusien du nucléaire, selon un article du Wall Street Journal. «Au cours des derniers mois, il y a eu des incidents liés aux contrôles de sécurité des inspecteurs sur un site iranien», indique l'AIEA dans une déclaration, sans préciser la nature de ces incidents. «L'Agence a immédiatement et avec fermeté soulevé ce problème avec l'Iran», poursuit l'instance, qui dit avoir «expliqué de manière claire et sans équivoque que c'était inacceptable et que cela ne devait plus se reproduire». Les faits en question se sont déroulés dans l'usine d'enrichissement de Natanz (centre), rapporte le WSJ, citant des sources diplomatiques ainsi qu'un document des Etats-Unis réclamant «la fin d'une telle conduite». Des gardes auraient eu un comportement inapproprié envers des inspectrices et leur auraient ordonné d'enlever une partie de leurs vêtements, selon le quotidien américain qui fait état de quatre à sept incidents depuis début juin. De son côté, «l'Iran a fourni des explications en invoquant des procédures de sécurité renforcées à la suite d'événements survenus sur un de leurs sites», précise l'AIEA. Le complexe de Natanz avait été touché le 11 avril par une explosion, un «acte de sabotage» imputé par Téhéran à Israël. «Les mesures de sécurité ont été renforcées de manière raisonnable. Les inspecteurs de l'AIEA se sont progressivement accommodés des nouvelles règles», a justifié dans un tweet l'ambassadeur iranien auprès des organisations internationales à Vienne, Kazem Gharib Abadi, en réaction aux informations de presse.Les diplomates participent cette semaine à Vienne à la réunion trimestrielle du Conseil des gouverneurs de l'AIEA. Ils devaient aborder, hier, le sujet du programme nucléaire iranien, alors que la République islamique, qui demande la levée des sanctions américaines, s'est nettement désengagée, ces derniers mois, des obligations prises dans le cadre de l'accord international de 2015