«Le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune m'a dépêché auprès du président de la transition, chef de l'Etat et auprès du Premier ministre, chef du gouvernement, pour témoigner de la solidarité agissante de l'Algérie au peuple et au gouvernement maliens en cette période de l'Histoire contemporaine de votre nation. Les Algériens lisent dans leurs livres d'histoire, la contribution inestimable qu'a apportée le Mali, à travers la décision souveraine du président Modibo Keita, dès, après l'indépendance du Mali, d'ouvrir à l'Armée de Libération nationale algérienne, la frontière commune afin que l'ALN puisse ouvrir un front contre le colonialisme pour que l'indépendance de l'Algérie, qui était inévitable en 1960, après des années de lutte et de sacrifices, se fasse dans le respect de l'intégrité territoriale de notre pays. À travers les villes de Tombouctou, de Gao où l'état-major de l'unité de l'ALN était installé, cette ligne de front, à partir du Mali, est un acquis historique qui fonde les solidarités réelles, dans l'épreuve. Une solidarité par laquelle la République du Mali qui venait d'acquérir son indépendance, était prête à payer un prix élevé. L'Algérie d'aujourd'hui, fidèle à son épopée libératrice, est reconnaissante au peuple malien de cette position historique. Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre Histoire. Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, comportements et visions qui sont intrinsèquement liés à une logique, j'allais dire, incohérente, portée par la prétendue mission civilisatrice de l'Occident, qui a été la couverture idéologique utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l'humanité qu'a été la colonisation de l'Algérie, du Mali et de tant de peuples africains. Donc, cette décolonisation qui doit s'opérer, aujourd'hui, s'annonce comme une priorité pour faire en sorte que ce que je qualifierai de «faillite mémorielle» que trahissent les propos concernant l'Algérie et le Mali qui ont été tenus récemment. Cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle, chez un certain nombre d'acteurs de la vie politique française, parfois, aux niveaux les plus élevés. Donc, cette faillite mémorielle qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuse, devrait pouvoir s'assainir par un respect mutuel inconditionnel. Respect de notre souveraineté, de notre indépendance de décision et acceptation de partenariat sur une base de stricte égalité, dès lors que nous savons que dans des relations que nous constituons avec le partenaire français, il y a une logique de donner et de recevoir. Il n'y a pas de cadeau. il n'y a pas d'offrandes à sens unique, ce qu'il y a, ce sont des intérêts stratégiques et économiques qui ne peuvent durer et être promus que dans le respect mutuel et l'équilibre des intérêts. C'est pourquoi en tant que pays africain, fortement attachés à notre Indépendance nationale, nous nous tenons aux côtés du Mali frère et nous rappelons à qui veut bien nous entendre et entendre la voix de la raison, que l'Afrique qui est le berceau de l'humanité, est également le tombeau du colonialisme et du racisme et la lutte de Libération nationale du peuple algérien a contribué à l'accélération de cette histoire et nous en sommes très fiers.»