Les échanges les plus vifs et les accusations se multiplient entre le Mali et la France. Dans un entretien avec l'agence russe Sputnik, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, n'a pas pris de gants, hier, pour accuser l'ancienne puissance coloniale d'avoir «entraîné des groupes armés» dans certaines régions du pays. «Le Mali n'a pas accès à Kidal (nord), c'est une enclave contrôlée par la France. Là, il y a des groupes armés entraînés par des officiers français. Et nous en avons la preuve», a déclaré M. Choguel Maïga à Sputnik. «Nous avons une expression selon laquelle si vous cherchez une aiguille dans votre chambre, et qu'une personne impliquée dans la recherche de cette aiguille tient son pied dessus, alors vous ne la trouverez jamais. C'est la situation actuelle au Mali, que nous ne comprenons pas et ne voulons pas supporter», a argumenté le Premier ministre malien. Les propos du président français Emmanuel Macron sur «l'absence de légitimité du gouvernement militaire» au Mali, venus se greffer sur ceux de la ministre des Armées qui a accusé Bamako de «s'essuyer les pieds avec le sang des soldats français» ont entraîné une vive réaction du côté malien, gouvernement et peuple confondus et la revendication, clairement apparue lors des manifestations contre l'ancien président Ibrahim Boubacar Keita, en 2020, au cours de laquelle le départ des soldats français était réclamé avec force, tend à devenir le credo du gouvernement. Bien plus, l'opinion publique malienne s'est incontestablement et définitivement retournée contre la présence des troupes de l'ancienne puissance coloniale. Choguel Kokalla Maïga a rappelé, hier, que le Mali n'a pas sollicité une intervention militaire de la France mais seulement une aide technique en matériels et en formation. Or, la France s'est méthodiquement engagée au Mali, puis largement au Sahel, d'abord avec les opérations Serval et Epervier, puis l'opération Barkhane, contre les groupes terroristes depuis 2013, au point de mobiliser plus de 5000 hommes et de disposer de bases militaires à la fois au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Tchad. En juin 2021, le président Macron a annoncé la fin de l'opération Barkhane mais il s'avère, depuis, que le retrait ne concernera que moins de la moitié de l'effectif global, d'ici 2023, avec en guise de compensation l'arrivée de renforts européens dans le cadre de la force Takuba, initiée par Paris. Bref, en maintenant 3000 hommes sur le terrain, la France entend poursuivre la lutte antiterroriste qu'elle affirme mener tambour battant. Ce que les dirigeants maliens ont de plus en plus de peine à croire, irrités en outre par la «campagne de désinformation et de chantage» entreprise par la France au sujet de la présence présumée d'instructeurs russes aux côtés des forces maliennes. «Ces dernières semaines, une vaste campagne diplomatique contre l'Etat malien se déroule dans les médias...Il s'agit de chantage qui ne peut pas affaiblir notre intention de nouer notre coopération avec des partenaires fiables comme la Russie», a encore répliqué Kokalla Maïga avant d'ajouter qu'«un Etat indépendant peut collaborer avec n'importe quel Etat au nom des intérêts de son peuple». Très attachée à la mise en oeuvre de l'Accord de paix issu du processus d'Alger, l'Algérie a exprimé son soutien indéfectible au peuple frère malien et à ses dirigeants, dans un contexte d'insécurité aggravée pour toute la région sahélienne où les groupes terroristes agissent en toute impunité. Le retour de la paix et de la sécurité, aussi bien au Mali avec lequel l'Algérie a des liens immémoriaux qu'au Niger et dans les autres pays de la région est un enjeu crucial pour notre propre sécurité et c'est pourquoi la diplomatie algérienne est en première ligne, aux côtés des peuples frères pour la défense de leurs intérêts et de leurs aspirations légitimes.