Ouverte jeudi à Addis-Abeba, la 39e session ministérielle du Conseil exécutif de l'Union africaine (UA) à laquelle participe le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, revêt une importance particulière. Placée sous le signe «Arts, culture et patrimoine: les leviers pour construire l'Afrique que nous voulons», la réunion a vu, dès la séance d'ouverture, le président de la Commission de l'UA,Moussa Faki, évoquer la pandémie de Covid-19 et son impact sur le continent africain. «Toujours sous la menace plurielle du virus de la Covid-19, nous devons continuer à renforcer notre stratégie de lutte si bien pensée par nos leaders politiques et exécutée avec un professionnalisme éprouvé par Africa CDC (Centre africain de Contrôle et de Prévention des maladies), les communautés économiques régionales et les Etats membres», a déclaré Faki, annonçant l'inscription à l'ordre du jour de «l'examen d'un rapport sur l'opérationnalisation de Africa CDC». D'autres sujets, non moins importants, figurent à l'agenda des discussions comme les attaques terroristes, la menace de la famine et la malnutrition sur le continent, avec comme facteur aggravant la pandémie de Covid-19. Nutrition et sécurité alimentaire seront, d'ailleurs, la thématique de 2022. Sont également au menu du Conseil exécutif de l'UA, un ensemble de dossiers, liés à la mise en oeuvre de l'Agenda 2063, aux perspectives de renforcement de la coopération entre les pays du continent en matière de lutte contre la pandémie de Coronavirus. La grande question des moyens nécessaires à la mise en oeuvre de l'action commune menée par les institutions continentales telles que le Parlement africain est elle aussi à l'ordre du jour. Mais c'est surtout l'examen de la décision du président de la Commission de l'UA d'accorder à l'entité sioniste le statut d'observateur auprès de l'organisation panafricaine qui focalise l'attention des observateurs et l'intérêt des ministres présents à cette réunion du Conseil exécutif. Si le président de la Commission de l'UA a le pouvoir d'accorder le statut d'observateur, il n'est censé le faire que si le pays candidat se conduit conformément à l'acte constitutif de l'UA, et seulement s'il sait que les Etats membres de l'UA ne s'opposent pas à l'adhésion, des préalables qui annulent l'argumentaire de Moussa Faki qui s'abrite derrière la reconnaissance diplomatique de l'Etat hébreu par plus d'une trentaine d'Etats membres de l'UA pour justifier l'injustifiable. Ce faisant, Moussa Faki est passé outre l'occupation illégale des territoires palestiniens et la colonisation effrénée autant que brutale menée par l'entité sioniste, des voies de fait qui violent les principes de l'Acte constitutif de l'UA. En outre, il a fait abstraction de l'opposition systématique d'un nombre important de pays africains à l'adhésion d'Israël depuis 2002. Aussitôt dévoilée, cette décision a poussé sept délégations permanentes auprès de l'Union africaine à exprimer haut et fort leur opposition. Outre l'ambassade d'Algérie, il y a eu celles d'Egypte, des Iles Maurice, de Tunisie, de Djibouti, de Mauritanie et de Libye. L'Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, avait signifié début septembre, que l'adhésion de l'entité sioniste à l'UA comme membre observateur constitue un choix administratif qui va à l'encontre de l'unité de l'organisation panafricaine. De même, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), un bloc de 16 pays, a, à son tour, condamné la décision, lors d'un sommet au Malawi. Quant à l'Afrique du Sud, elle croit fermement que tant qu'Israël n'est pas disposé à négocier un plan de paix (avec la Palestine) sans conditions préalables, il ne devrait pas avoir de statut d'observateur auprès de l'Union africaine», a stipulé le ministère sud-africain des Affaires étrangères dans un communiqué. «L'Union africaine ne peut, en aucun cas, être partie à des plans et à des actions qui verraient les idéaux d'un Etat palestinien réduits à des entités balkanisées dépourvues de véritable souveraineté, sans contiguïté territoriale et sans viabilité économique», a même asséné la diplomatie sud-africaine. Quant au dossier du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique en attente de son droit à l'autodétermination, l'UA est interpellée pour apporter un soutien décisif à l'action du nouvel émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, et au nouveau responsable de la Minurso, Alexandre Ivanko, pour concrétiser le référendum d'autodétermination tant attendu par le peuple sahraoui.