Le statut d'observateur à l'Union africaine accordé à Israël par le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, passe mal. Au même titre que le rapprochement entre l'Etat hébreu et le Maroc. Une décision «prise sans le bénéfice de larges consultations préalables avec tous les Etats membres». C'est en ces termes qu'a qualifié Alger «le droit accordé par Moussa Faki Mahamat à Israël d'avoir le statut d'observateur à l'UA». Une pilule difficile à avaler. La décision unilatérale du président de la Commission de l'UA est désapprouvée par certains pays, notamment par l'Afrique du Sud et la Namibie, pour lesquels «accorder le statut d'observateur à une puissance occupante est contraire aux principes et objectifs de l'Acte constitutif de l'Union africaine, en particulier au moment où Israël multiplie ses actes d'oppression en violation totale du droit international et au mépris des droits de l'homme du peuple palestinien». Consterné par le statut conféré à Israël, sept délégations permanentes auprès de l'Union africaine (UA) ont exprimé leur opposition d'accorder à l'entité sioniste le statut d'observateur auprès de l'organisation panafricaine. «Nous souhaiterions aviser la Commission de notre opposition à la décision sensible de son président d'ordre politique, à savoir l'octroi du statut d'observateur auprès de l'UA à Israël», a relevé une note verbale, rapporte, hier, l'APS. La note est signée par les ambassades d'Algérie, d'Egypte, des île Maurice, de Tunisie, de Djibouti, de Mauritanie et de Libye. D'autres sources avancent même une douzaine de pays, avec l'Afrique du Sud, le Sénégal, la Tanzanie, le Niger, les Comores, le Gabon, le Nigeria, le Zimbabwe, le Liberia et les Seychelles. Le Botswana et la Namibie ont protesté contre le statut de visiteur d'Israël sans pour autant rejoindre officiellement le «Front du refus», mené par l'Algérie qui a estimé, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, que «l'octroi du statut d'observateur à Israël était illégal car cela avait été fait sans consulter les autres Etats membres» ajoutant que «l'Algérie ne restera pas les bras croisés devant cette initiative d'Israël et de l'Union africaine sans consulter les Etats membres». La note verbale souligne à ce sujet que «les décisions de l'UA, depuis longtemps claires, ont exprimé sa position constante en faveur de la cause palestinienne, et en défaveur de toute forme de pratiques israéliennes à l'encontre du peuple palestinien frère, et contraire même à l'intérêt suprême, aux valeurs, idéaux et décisions de l'organisation panafricaine». À cet égard, les sept signataires déplorent la vision du président de la Commission, contraire à celle de ses prédécesseurs. Une démarche inquiétante aux yeux des pays signataires au point de dénoncer un «dépassement procédural politique inadmissible commis par le président de la Commission de par son pouvoir discrétionnaire». Tout en s'opposant à l'intégration d'Israël en tant que membre observateur de l'UA, ces pays ont exigé l'inscription de la question «à l'ordre du jour de la prochaine séance du Conseil exécutif». La note est revenue sur «les positions fermes en faveur des droits des Palestiniens légitimes, à la tête desquels la résolution du sommet de l'UA à Accra au Ghana en 2007, en vertu duquel a été soutenue l'initiative de paix arabe, adoptée en 2002 au sommet arabe de Beyrouth». Les ambassades de Jordanie, du Koweït, du Qatar, du Yémen ainsi que la délégation de la Ligue arabe ont exprimé leur solidarité avec les sept ambassades dans cette affaire.