Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga persiste à dénoncer un «abandon en plein vol» de la France avec sa décision de retrait du Mali de la force Barkhane, incapable selon lui d'enrayer la montée du terrorisme dans le pays, en pleine tensions entre Paris et Bamako. «Les faits sont que le Mali a demandé à la France de l'aider à détruire le terrorisme et à recouvrir l'intégralité de son territoire. Près de neuf ans après, que constatons-nous? Le terrorisme qui était confiné à Kidal - bastion des rebelles touaregs) s'est étendu à 80% de notre territoire», a-t-il déclaré lors d'une interview publiée lundi par Le Monde Afrique. Barkhane a décidé de «se concentrer sur le Liptako», dans l'Est du Mali, où l'EIGS (Etat islamique au Grand Sahara) est actif, quand «le groupe le plus dangereux pour l'Etat malien, c'est le GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, proche d'Al-Qaïda)» dans le Nord, a-t-il en outre regretté. «Pendant qu'Al-Qaïda multiplie ses attaques, notre principal allié, en tout cas celui que nous croyions l'être, décide de quitter sa zone d'influence pour se concentrer sur les trois frontières. N'est-ce pas de l'abandon en plein vol? Nous sommes en train de chercher des solutions», a-t-il martelé. Des propos similaires de M. Maïga tenus récemment devant les Nations unies avaient été fortement condamnés par la France. «C'est une honte», avait tonné le président Emmanuel Macron. Face à cette situation, le gouvernement malien, qui «a bien compris que s'il ne compte que sur un seul partenaire, (...) pourra à tout moment être abandonné», en «cherche d'autres», a expliqué son Premier ministre, démentant toutefois des discussions avec le groupe privé russe Wagner, qu'il a qualifiées de «rumeurs». Présent, entre autres, en Libye et en Centrafrique, où il est accusé d'exactions depuis le printemps, le groupe Wagner est soupçonné, notamment par Paris, d'agir pour le compte du Kremlin là où ce dernier ne veut pas apparaître officiellement. La France, l'Allemagne ou l'Estonie ont d'ores et déjà averti qu'elles réexamineraient leur présence militaire au Mali si un accord était conclu entre Bamako et Wagner. Choguel Kokalla Maïga a par ailleurs prévenu que le calendrier des élections présidentielle et législatives, prévues le 27 février 2022, ne devrait pas être respecté, autre point de friction entre une partie de la communauté internationale et ce gouvernement malien issu d'un coup d'état militaire. «Quelques semaines ou quelques mois de décalage, ce n'est pas la fin du monde pour un pays en crise depuis dix ans», a-t-il justifié.