Le long-métrage documentaire «17 octobre, un crime d'Etat» du réalisateur Ramdane Rahmouni, mettant en lumière un des crimes coloniaux commis durant la guerre de libération, a été projeté samedi au public de la cinémathèque d'Alger. Produit par le Centre national d'études et de recherches sur le Mouvement national et la Révolution du 1er novembre 1954, ce documentaire de 51 mn revisite ce sinistre évènement à travers des témoignages d'historiens, militants et témoins de ce crime colonial commis à Paris durant la Guerre de Libération nationale. Ali Haroun, Ancien membre du Conseil fédéral de la Fédération de France du FLN, estime que le nombre de morts lors de ces manifestations est de minimum «200» manifestants jetés dans la Seine ou tués. Or, dit-il, certains pensent que le nombre de victimes s'élève à «400», compte tenu des militants arrêtés lors de cette manifestation et transférés, par la suite, en Algérie pour être mis dans des camps d'internement». Des chiffres loin du compte Il souligne également que le décompte des victimes est établi sur la base des rapports reçus dans la semaine et la quinzaine qui a suivi la manifestation. De son coté, l'historien et militant politique français, Jean- Luc Einaudi (disparu en 2014) a qualifié le massacre du 17 octobre 1961 de «volonté de vengeance envers une population repérée en fonction de l'apparence physique et de l'idée que les policiers se faisaient sur les Algériens». Soulignant que de nombreux corps n'étaient pas identifiés, l'historien relève que les archives (Presse, police, justice et autres) donnent un chiffre d'au moins 400 Algériens massacrés lors de la manifestation du 17 octobre 1961. Intervenant également dans ce documentaire, le moudjahid Mohand Akli Benyounès, responsable de la Fédération de France du FLN, a affirmé que la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris était une action pacifique qui a démontré la détermination du peuple algérien à recouvrer son indépendance, soulignant que «toutes les provocations lors de cette manifestation venaient de la police». Combat armé contre l'occupation française Mohammed Ghafir, moudjahid et ancien membre de cette structure du FLN basée en France, revisite cet évènement à travers le travail fait en France par la Fédération pour préparer cette manifestation en soutien au combat armé contre l'occupation française. Le documentaire fait parler également des témoins de cette manifestation qui se rappellent encore de cette journée funeste et surtout des exactions de la police aux ordres du préfet Maurice Papon. «J'ai entendu des coups de feu et vu des accrochages entre forces de l'ordre et manifestants, violement réprimés par des policiers déchainés, des manifestants vivants ont été jetés dans la Seine», a témoigné un manifestant. Illustré de photos et de documents d'archives de presse, le documentaire donne la parole à d'autres membres de la Fédération du FLN, aux côtés de militants, écrivains et journalistes qui ont vécu cet évènement historique, réprimé dans le sang. À noter que ce film 'inscrit dans le cadre du programme tracé parla Cinémathèque algérienne autour de la thématique des massacres du 17 octobre 1961 à l'occasion de la commémoration de ce crime colonial commis à Paris durant la Guerre de Libération nationale. «Le silence du fleuve» (1991) de Mehdi Lallaoui, «Ici on noie les Algériens» de Yasmina Adi ou encore «Octobre à Paris» de Jacques Panijel, comptent parmi les documentaires proposés au public.