Le festival qui fête ses 10 ans, fait un com-back dans un format redimensionné à l'échelle de la ville. «La programmation cinématographique du Trianon sera accompagnée d'événements musicaux, culinaires, de conférences, de spectacles, dans plusieurs lieux et équipements culturels de la ville» peut -on lire dans le dossier de presse de l'événement. «Pour cette édition anniversaire, il nous tient également à coeur de mettre la Palestine à l'honneur, suite aux événements récents qui nous rappellent la situation critique dans laquelle vivent les Palestiniens et afin de leur rendre hommage. Cette dixième édition sera donc le symbole d'un renouveau du festival!», affirme Wiam Berhouma, adjointe au maire de Noisyle-Sec, déléguée au développement et à la promotion de la culture, à l'éducation populaire et à la transmission de la mémoire. Ainsi, après une édition annulée en 2020 pour cause de pandémie, le festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec est heureux de retrouver son public pour célébrer sa 10ème édition, sous le parrainage des cinéastes Costa-Gavras, parrain d'honneur, et Lina Soualem, marraine 2021. Pour rappel, «le festival du film franco-arabe montre les productions cinématographiques les plus actuelles des cinéastes originaires des pays arabes et ceux, français, qui ont une part importante de leur parcours et de leurs préoccupations liée à ces régions du monde. Des films qui, loin des préjugés et des visions médiatiques stéréotypées, rendent compte de la multiplicité de points de vue des réalisateurs sur le monde arabe». Nous apprend-on. 29 films au programme Au total, 29 films entre fictions et documentaires inédits, en avant-premières ou en sorties récentes, seront projetés du 12 au 23 novembre 2021, en présence de nombreux invités, réalisateurs et personnalités du cinéma, au cinéma Le Trianon de Romainville. «Parrainer le festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec, c'est lui donner ma caution, comme cinéaste et comme citoyen. Le monde arabe, cette entité plurielle, diversifiée, a besoin de nous montrer ses images, loin des préjugés et des visions médiatiques stéréotypées. Les réalisateurs ont la lucidité et le recul nécessaire pour nous offrir une vision plus «objective» de ce monde en plein changement. Notre quotidien se noie sous les informations de ce qui nous divise; aller au festival du film franco-arabe, c'est une belle manière de voir ce qui nous unit.» soutient Costa-Gavras Aux côtés du cinéaste engagé, président de la Cinémathèque française Costa-Gavras, parrain d'honneur du festival du film franco-arabe depuis sa 6ème édition, de prestigieux parrain et marraine se succèdent chaque année. On citera, notamment Ludivine Sagnier, Mouloud Achour, Oulaya Amamra, Saphia Azzeddine, Sabrina Ouazani, Yassine Azzouz... L'an dernier, la marraine du festival était la réalisatrice et comédienne Lina Soualem, bien connue des festivaliers qui l'ont vue jouer dans le film «À mon âge, je me cache encore pour fumer» de Rayhana et dans «Tu mérites un amour» de Hafsia Herzi. Elle devait l'année dernière, présenter, au festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec, en avant- première son premier long-métrage en tant que réalisatrice, «Leur Algérie», un documentaire intime, délicat et tendre sur ses grands-parents et sur l'identité des Algériens immigrés en France après la Seconde Guerre mondiale. Empêchée par la pandémie, elle revient cette année en tant qu'ambassadrice du festival auprès des médias, pour cette 10ème édition. À la recherche de son identité Elle viendra, également, présenter son film «Leur Algérie» et rencontrer les festivaliers en compagnie de son père Zinedine Soualem le samedi 13 novembre, à 20h30. Pour rappel, fille de l'acteur Zinedine Soualem et de l'actrice, scénariste et réalisatrice palestinienne Hiam Abbass, Lina Soualem s'est fait rattraper par le cinéma après des études d'histoire et de sciences politiques à l'université de la Sorbonne. Actrice pour sa mère dans le long-métrage «Héritage», puis pour les réalisatrices Rayhana et Hafsia Herzi, elle passe derrière la caméra pour réaliser «Leur Algérie», long métrage documentaire sélectionné dans de nombreux festivals et primé à CinéMed (Prix étudiant de la première oeuvre) et au festival international du film de femmes (prix France Télévisions «Des Images et des Elles»). Le film est sorti dans les salles françaises le 13 octobre 2021 dernier. Aujourd'hui, la réalisatrice développe un second projet de long métrage documentaire et travaille en tant qu'auteure et assistante-réalisatrice sur des projets de fictions, séries et documentaires. Pour sa 10e édition, le festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec présente 29 longs-métrages (11 premiers films): six documentaires, 21 fictions, deux films d'animation jeune public, un classique du cinéma mondial présenté en copie restaurée et des courts-métrages. 12 films sont présentés en avant-premières, cinq sont inédits, et neufs sont des films en sorties récentes. Six films présentés au festival de Cannes 2021 seront à découvrir. On citera côté documentaire, «Little Palestine, journal d'un siège» du réalisateur palestinien Abdallah Al-Khatib, présenté à l'Acid, est un témoignage précieux d'une réalité oubliée par nos chaînes d'information. Côté fiction, «Lingui, les liens sacrés» le huitième film du réalisateur franco-tchadien Mahamat-Saleh Haroun présenté en Compétition officielle. Toujours côté fiction, quatre premiers longs métrages seront également présentés. Il s'agit de «Face à la mer» du réalisateur libanais Ely Dagher (Quinzaine des réalisateurs) qui entrelace le devenir d'un Beyrouth en crise et l'errance existentielle de la jeune Jana, « Feathers», fable grinçante du réalisateur égyptien Omar El Zohairy, Grand Prix de la Semaine de la critique, «La Femme du fossoyeur» du réalisateur finlandais d'origine somalienne Khadar Ayderus Ahmed, également présenté à la Semaine de la critique, tandis que «Mes frères et moi» du réalisateur français Yohan Manca (Un certain regard - Cannes 2021) offre un film solaire aux ascendances méditerranéennes, loin des caricatures et du misérabilisme. Des films émouvants Trois premiers films inspirés d'histoires personnelles seront également à découvrir. Pour «Placés», Nessim Chikhaoui s'inspire de son expérience d'éducateur spécialisé au Liban en 1982. Ce film qui représentait le Liban aux Oscars 2020, est basé sur la dernière journée d'école au Liban du réalisateur Oualid Mouaness. Dans «Le monde après nous», le réalisateur Louda Ben Salah-Cazanas brosse le portrait d'une génération en puisant dans son propre parcours. Avec «De nos frères blessés», de Hélier Cisterne, il s'agit d'emblée d'une histoire d'amour et d'engagement, adaptée du roman homonyme de Joseph Andras (prix Goncourt du premier roman 2016).Un film porté de façon magistrale par les comédiens principaux, Vincent Lacoste et Vicky Krieps, mais aussi par Meriel Medjkane. Ce film qui nous embarque dans l'Algérie des années 50, est tout simplement la biographie tragique de Fernand Iveton. En effet, nous sommes à Alger en 1956. Fernand Iveton, 30 ans, ouvrier indépendantiste et idéaliste, est arrêté pour avoir déposé une bombe dans un local désaffecté de son usine. Il n'a tué ni blessé personne, mais risque la peine capitale. La vie d'Hélène, devenue la femme d'un «traître», bascule. Elle refuse d'abandonner Fernand à son sort. Adapté d'une histoire vraie, le film est une plongée à rebours au coeur de leurs souvenirs, une histoire d'amour et d'engagement brisée par la raison d'Etat...De son côté, le réalisateur français d'origine marocaine Ismaël Ferroukhi propulse son personnage «Mica», un enfant issu d'un bidonville, dans un club de tennis de Casablanca fréquenté par la nomenklatura marocaine, et offre une oeuvre d'une belle sincérité servie par la prestation des interprètes, Zakaria Inan, irréprochable, et Sabrina Ouazani, lumineuse. Avec «Arthur Rambo» le réalisateur français Laurent Cantet pose sa caméra là où le cinéma ne regarde pas d'habitude, à la frontière du périphérique, où chacun est assigné ou s'assigne à un rôle. Enfin, le documentaire «Ziyara» de la franco-marocaine Simone Bitton va à la rencontre des gardiens musulmans de sa mémoire juive. Côté documentaire, on relèvera le film «Le Marin des montagnes» de Karim Aïnouz qui livre un film autobiographique en forme de road-movie. En effet, janvier 2019, le cinéaste Karim Aïnouz, de père algérien et de mère brésilienne, décide de traverser la Méditerranée en bateau et d'entreprendre son premier voyage en Algérie. Accompagné de sa caméra et du souvenir de sa mère Iracema, Karim Aïnouz livre un récit détaillé du voyage vers la terre natale de son père, de la traversée de la mer à son arrivée dans les montagnes de l'Atlas, en Kabylie, jusqu'à son retour, entrelaçant présent, passé et futur. Karim Aïnouz réalise une oeuvre, à la recherche de ses racines et l'héritage de la lutte pour l'indépendance contre la domination coloniale française. Pour fêter les 10 ans du festival, il fallait un film mythique, un film épique! Ce sera «Chronique des années de braise» en copie restaurée du réalisateur Mohammed Lakhdar-Hamina.