Ahmed Zeghdar, le ministre de l'Industrie est revenu, une nouvelle fois, sur ce dossier épineux qui fait couler beaucoup d'encre, ces jours-ci. Comme nous l'avions déjà signalé, il y a quelque temps, ils sont officiellement 402 projets d'investissement qui ont été achevés, mais qui n'ont pas encore été mis en service. Les raisons? Zeghdar fait état de raisons administratives, sans expliciter davantage la nature de ces raisons. En termes clairs, la bureaucratie a la peau dure, et a encore de beaux jours devant elle en Algérie. En effet, plus de 225 projets, soit plus de 50% de l'ensemble des projets à l'arrêt, concernent directement le secteur de l'industrie. Le reste, soit 44% de l'ensemble des projets, relève des secteurs du tourisme et des services, note le ministre sur la base du rapport de recensement effectué par la Commission nationale de suivi des projets d'investissement en suspens. Comment expliquer que plus de la moitié des projets d'investissement soit encore à l'arrêt, alors qu'ils relèvent exclusivement du secteur de l'industrie? Les lourdeurs bureaucratiques sont à incriminer dans ce cadre. C'est impardonnable, diront certains opérateurs, surtout si l'on sait que parmi ces projets figurent ceux de la production agroalimentaire, notamment les produits de grande consommation, qui connaissent des tensions ces derniers temps. Il est vrai, également, que la responsabilité du laxisme ambiant reste partagée entre les walis et la tutelle ministérielle. Cela, malgré les instructions claires du président de la République,Abdelmadjid Tebboune et celles du Premier ministre Aïmene Benabderrahmane. Force est de constater que le secteur de l'industrie a beaucoup de mal à trouver ses marques et à tracer une ligne de conduite claire pour mettre en oeuvre sa stratégie. Le département de Zeghdar peine à trouver les formules idoines, afin d'asseoir une dynamique pérenne et, surtout rentable dans son secteur. L'exemple des projets achevés à l'arrêt est assez édifiant dans ce cas de figure. Mais pas que. La gestion des zones industrielles n'arrive pas non plus à trouver une issue favorable à son essor. Malgré les enveloppes coûteuses, concédées par l'Etat, la situation n'a guère connu d'évolution notable. Le ministre parle, pourtant, de plus de 161 opérations de réhabilitation des zones industrielles et d'activités lancées, dotées d'un montant global de 18 milliards de dinars. Sous d'autres cieux, les formules ne manquent pas dans ce cadre. Il y a des cas où ce sont les patrons d'usines qui prennent en charge la gestion de leurs zones, à travers la création d'une SPA chargée de ces opérations. Dans d'autres, ce sont les collectivités locales qui s'en chargent moyennant des cotisations au profit d'une entreprise locale. Les exemples ne manquent pas à cet effet, il suffit de trouver la formule qui sied à tout le monde. L'autre volet qui fâche toujours, est celui relatif aux textes de lois devant régir les différents axes de l'investissement privé national et étranger. Et pour cause, les retards accusés dans ce domaine restent énormes et préjudiciables. Car, faut-t-il le signaler, la nouvelle loi reste très attendue et très épiée par les investisseurs nationaux et étrangers mêmes, les opérateurs économiques, les représentations patronales et les experts de tous bords nationaux, y compris ceux à l'étranger... La confection des textes de loi a pris beaucoup plus de temps que prévu, car le temps est loin d'être notre allié conjoncturel. Les réformes et les réajustements doivent s'inscrire sous le sceau de l'urgence, comme stipulé par le président de la République. La nouvelle loi sur l'investissement qui est annoncée, en tout cas, dans l'hémicycle de la chambre basse du Parlement pour les prochaines semaines, doit répondre à toutes les exigences formulées, çà et là. Ce qui n'est pas trop tôt, étant donné l'importance et l'impact attendus de cette loi sur la relance de l'investissement, de manière générale. La situation est également la même pour ce qui est de la réorganisation du foncier industriel, qui attend l'aboutissement de son avant-projet de loi, toujours entre les mains du SGG. Cela est d'autant plus important, que la conjoncture s'y prête, grâce à la reprise graduelle de l'économie mondiale et sa progression significative. Cela suppose que les investissements directs étrangers IDE, à la recherche d'opportunités au plan mondial, doivent être impérativement accrochés par l'attractivité des opportunités algériennes. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui pour notre pays. Les tergiversations du secteur de l'industrie ne doivent pas perdurer, car l'économie nationale doit enclencher rapidement sa mue, et profiter des indicateurs positifs actuels.