Arrivé, hier, à Alger dans le cadre d'une visite éclair de quelques heures, le ministre libyen de l'Intérieur, Khaled Tijani Mazen, était en mission d'explication, mais également de concrétisation de plusieurs décisions prises conjointement par les deux pays. La Libye, qui est entrée très récemment dans un processus électoral historique, élira son président, le 25 décembre prochain. Mazen qui aura certainement des éclaircissements à fournir aux autorités algériennes sur les derniers développements sur la scène politique, notamment le refus de la candidature de Seïf El Islam Khaddafi et autres couacs dans le processus, est certainement également missionné par son gouvernement pour donner du sens à la coopération prometteuse entre son pays et l'Algérie. Cela étant, la présidentielle en Libye conditionnera la qualité des rapports qu'entretiendront les deux pays. Mais à voir la densité des relations entre les deux pays et les engagements pris par l'un et l'autre lors de la dernière conférence algéro-libyenne d'Alger, le cap de la coopération est vraisemblablement fixé. Les deux grands groupes énergétiques publics algériens, Sonatrach et Sonelgaz, opèrent déjà en Libye et les perspectives de partenariats multiformes sont déjà tracées. Et pour cause, le ministre libyen a annoncé, à l'issue d'un entretien avec son homologue algérien, Kamel Beldjoud, l'instruction des policiers libyens. Les deux pays envisagent, en effet,d'ouvrir aux fonctionnaires de police de ce pays, les écoles de formation algériennes. D'autres points ont été abordés, dont la réouverture des postes frontaliers. Celui de Debdeb sera totalement opérationnel au plan logistique d'ici la fin de l'année. Les techniciens de Logistrans y travaillent. Ce poste-frontière est très important pour l'économie des deux pays, en ce sens qu'il constitue une voie de passage des marchandises dans les deux sens. Le développement du commerce frontalier que l'Algérie encourage avec tous ses voisins est un axe essentiel dans la vision qu'a le gouvernement libyen de la coopération bilatérale. D'ailleurs, l'insistance des officiels d'obtenir l'ouverture de cette frontière illustre l'intérêt qu'ils portent à cet accès vers l'Algérie, au double plan économique et social. L'intérêt est partagé par l'Algérie, dont les opérateurs économiques attendent avec une pointe d'impatience la concrétisation de ce projet, sachant que les Libyens disposent d'un pouvoir d'achat intéressant et le pays lui-même exprime d'importants besoins dans de nombreux domaines. Le ministre libyen affirme espérer réduire le coût des marchandises au profit des populations frontalières de l'Algérie. Ces dernières apprécient les produits algériens et la réouverture de Debdeb constitue une bouffée d'oxygène pour une région libyenne, aujourd'hui plutôt mal en point en matière d'approvisionnement. Beldjoud confirme le voeu de son homologue libyen sur «l'ouverture du poste frontalier terrestre de Debdeb et du renforcement de la coordination concernant la formation en matière de police et de Protection civile», a indiqué le ministre de l'Intérieur. Beldjoud mettra en avant «la poursuite de l'action commune et la coordination entre les deux ministères à l'avenir au mieux des intérêts des deux peuples et des deux pays liés par des relations fraternelles et une histoire commune». Un engagement de l'Algérie, dont on retient la volonté de construire des rapports de voisinage fructueux à tout point de vue.