Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui s'est rendu en Arabie saoudite dans le cadre du mécanisme de concertation et de coordination bilatérales au niveau ministériel, s'est entretenu avec son homologue saoudien le prince Faisal bin Farhan bin Abdullah Al Saud. Le ministère des Affaires étrangères qui a fait état de la rencontre dans un communiqué rendu public, relève que les discussions entre les deux ministres ont porté «sur la conjoncture délicate que traverse le monde arabe». Un aspect qui tient à coeur à la diplomatie algérienne qui ambitionne de réunir les rangs arabes, pour une meilleure autonomie de décision face à une domination isréalo-occidentale. La mission est difficile, mais les deux chefs de la diplomatie algérienne et saoudienne en ont tout de même parlé. Il n'est pas de mission impossible et Ramtane Lamamra qui a eu à gérer pas mal de dossiers en sait quelque chose. De fait, en ne s'interdisant aucune piste, les deux ministres ont évoqué «les moyens de relever les défis qui lui sont imposés, et les perspectives de l'action arabe commune», rapporte la même source. Cela pour dire que le séjour du chef de la diplomatie algérienne à Riyadh sera certainement bénéfique d'autant qu'il intervient dans le cadre d'un mécanisme de concertation bilatérale, auquel Alger et Riyadh semblent tenir. Cette volonté de maintenir un dialogue permanent entre les deux pays s'exprime, notamment à travers la «lettre manuscrite du Président de la République, M Abdelmadjid Tebboune, à son frère, le serviteur des Lieux saints, le Roi Salman bin Abdulaziz al-Saud», remise par Lamamra à son homologue saoudien. Les relations politiques entre les deux pays n'ont, pour ainsi dire, jamais connu de rupture malgré d'importantes divergences sur de nombreux dossiers. Le maintien du contact permanent, indépendamment de certaines divergences, tient au respect mutuel que les deux pays se vouent l'un pour l'autre. En cela, les observateurs notent cette particularité algéro-saoudienne que Riyadh n'applique pas avec d'autres Etats arabes. La place qu'occupe l'Algérie sur l'échiquier régional et son ambition assumée de rassembler les Etats de la Ligue arabe ont certainement pesé dans cette visite. Les arguments d'Alger ne manquent pas de pertinence. Même connus de tous et parfois en contradiction avec certaines convictions saoudiennes, les positions tranchées de l'Algérie sur certains dossiers sont de nature à faire bouger les lignes. L'approche du sommet arabe d'Alger est une occasion idéale pour l'Algérie de construire une alternative au morcellement actuel de la nation arabe. Le pari est compliqué certes, mais la volonté d'ouvrir de nouvelles perspectives est très forte, côté algérien. Lamamra était à Riyadh, précisément pour transmettre cette ambition. Soulignant que «les deux ministres ont examiné les étapes les plus importantes des préparatifs dans le but d'assurer le succès de ce sommet dont la date sera fixée dans le cadre de larges consultations», le communiqué du ministère des Affaires étrangères traduit peut-être indirectement le succès de la visite du chef de la diplomatie algérienne. Le dialogue alégro-saoudien demeure ouvert grâce au mécanisme de concertation et de coordination bilatérales. Pour cause, le prince Faisal bin Farhan bin Abdullah Al Saud sera l'hôte de l'Algérie en, février prochain pour «poursuivre la concertation et la coordination sur toutes les questions soulevées lors de la prochaine visite du ministre saoudien des Affaires étrangères en Algérie prévue en février prochain», rapporte la même source. Enfin, les deux chefs de la diplomatie ont confirmé cet état de fait en saluant «la profondeur des relations entre les deux pays et les deux peuples frères, et les perspectives prometteuses de leur renforcement en application des orientations des dirigeants des deux pays, dans le cadre des attentes et des aspirations des deux parties», lit-on dans le même communiqué.