Les militaires au pouvoir au Burkina Faso ont rétabli la Constitution du pays, suspendue depuis leur arrivée au pouvoir, la semaine dernière, tout en modifiant les institutions dans l'attente de» la mise en place des organes de transition», ont rapporté lundi des médias. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) «assure la continuité de l'état», indique un «acte fondamental» de 37 articles, lu à la télévision nationale par le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré. Il énonce que «l'acte fondamental lève la suspension de la Constitution» pour la période de transition jusqu'au retour à l'ordre constitutionnel à une date non précisée. «Le MPSR est l'organe central de définition et d'orientation de la politique sécuritaire, économique, sociale, de développement et de la restauration de l'intégrité territoriale», ajoute le texte. Cet «acte fondamental» précise également la composition du MPSR doté d'un président - le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba - de deux vice-présidents, d'un coordonnateur et de commissions, sans qu'aucun nom ne soit cependant indiqué. Le président du MPSR est le «président du Burkina Faso, chef de l'état, chef suprême des forces armées nationales», souligne l'article 28 de ce document. Un autre décret, également lu à la télévision, concerne la fin de fonctions du chef d'état-major des armées, Gilbert Ouedraogo. Vendredi, l'Union africaine (UA) a pris le relais de la Cédéao en annonçant la «suspension du Burkina Faso» de toutes ses structures. Une mesure qui durera «jusqu'au rétablissement effectif de l'ordre constitutionnel dans le pays», a affirmé l'institution panafricaine. Le Burkina Faso échappe, pour l'instant, à la salve de sanctions qui a frappé le Mali et la Guinée, selon le tweet du Conseil de Paix et Sécurité de l'UA, en charge des conflits et des questions de sécurité. Vendredi, également, une délégation conjointe de la Communauté des états d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'ONU, est arrivée à Ouagadougou pour des entretiens avec les nouveaux dirigeants militaires. La délégation ouest-africaine était conduite par Shirley Ayorkor Botchway, ministre des AE du Ghana, tandis que celle du Tchadien Annadif Mahamat Saleh, représente l'ONU (Unowas). Deux jours auparavant, la Cédéao avait mandaté une délégation de plusieurs chefs des armées de la région pour rencontrer le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Aussitôt après l'entretien, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration a «réaffirmé son engagement vis-à-vis des organisations sous-régionales et internationales», dans un communiqué de la Présidence burkinabè. La délégation conjointe a procédé à des discussions «avec les dirigeants militaires ainsi qu'avec les différents acteurs politiques», a annoncé l'Unowas, dans un communiqué. Quant aux dirigeants des pays membres de la Cédéao, ils ont programmé un sommet demain à Accra, au Ghana, pour examiner les rapports des délégations comprenant les chefs d'état-major et les ministres afin de décider des sanctions contre le Burkina. À ce jour, les intentions des nouvelles autorités du Burkina tendent à rassurer la Cédéao, l'UA et la communauté internationale sur leur volonté de réussir une transition exemplaire. Le lieutenant-colonel Damiba n'est apparu publiquement qu'une seule fois, pour un bref discours télévisé, jeudi soir, dans lequel il a assuré que la «sécurité» du pays, en proie au terrorisme depuis 2015, va constituer la priorité absolue. Il a aussi assuré que le retour à la légalité constitutionnelle interviendra «lorsque les conditions seront réunies», exhortant les partenaires ouest-africains à la «solidarité» avec le Burkina. Plusieurs organisations de la société civile et des partis d'opposition ont déjà signifié leur «collaboration» avec les nouvelles autorités pour contribuer à une sortie de crise sécuritaire et politique.