L'Expression: Le cahier des charges du projet «Solar 1.000» continue de faire couler beaucoup d'encre. Que se passe-t-il,monsieur le ministre? Benatou Ziane: Nous avons fini de finaliser tous les aspects liés aux volets techniques et financiers, en relation avec le projet des 1.000 MW. C'est un projet en plusieurs lots en centrales photovoltaïques. Nous avons tenu une réunion conjointe avec le ministère de l'Energie et des Mines pour régler tous les problèmes techniques en suspens. Il faut rappeler que Shems est détenue par deux sociétés du secteur de l'énergie, Sonatrach et Sonelgaz. Notre seul souci a été de régler les points liés aux clauses relatives aux aspects écologiques et environnementaux, à prendre très sérieusement en considération. Ce sont des préalables indispensables dans la confection de ce cahier des charges. Il y a aussi les aspects de la compensation par rapport au coût du tarif, ainsi que les questions en relation avec le Titre Carbone, que nous avons abordé dans ce cahier des charges. Il faut savoir que Shems fonctionne de façon autonome, elle doit faire appel, en cas de besoin, à des spécialistes dans le montage de «Projet finance» sous forme de PPA...Le ministère de la Transition énergétique a mandaté Shems pour élaborer le cahier des charges. Il y a lieu d'identifier l'acheteur/investisseur dans le cours de ce projet, arrêter les aspects relatifs à certaines opérations, notamment celle du Titre Carbone, les détails relatifs aussi au renforcement du taux d'intégration et les clauses relatives à la consommation locale des produits nationaux dans les projets de réalisation de ces stations photovoltaïques... Y a-t-il un intérêt par rapport à ce projet de la part des étrangers? Il y a un engouement impressionnant et sans précédent pour le projet « Solar 1.000». Nous l'avons constaté dans le sillage de l'opération de publication de l'avis d'appel d'offres de ce projet. Et partant, nous comprenons l'impatience des investisseurs auxquels nous avons adressé des courriers électroniques, afin de les rassurer au sujet de l'opération et les informer de la disponibilité des cahiers des charges. Je tiens à préciser qu'à travers ce projet, nous voulons asseoir une technologie performante, qui soit à la pointe des évolutions dans le domaine du photovoltaïque et des centrales électriques. Qu'en est-il de la prise de conscience par rapport à l'efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables? L'Algérie a fait des choix judicieux, en consacrant aux énergies renouvelables, un ministère à part entière. Aujourd'hui, nous faisons face, à l'instar des grands pays de ce monde, à des bouleversements structurels, qui redessinent la scène énergétique mondiale, mettant la communauté mondiale, dont l'Algérie, face à d'importants défis et enjeux. En Algérie, la prise de conscience fait son bonhomme de chemin et les gens commencent à y réfléchir, surtout que cela se pose en termes d'alternatives aux énergies fossiles et en termes de respect des normes écologiques. Il y a plusieurs projets ambitieux, qui ont été lancés et d'autres en voie de l'être. L'Algérie peut se targuer d'avoir élaboré et mis en oeuvre une feuille de route qui s'articule autour de plusieurs axes. L'Algérie dispose d'une base solide et complète, en matière d'accélération de la transition énergétique. La feuille de route de l'Algérie vise, entre autres, un Programme national de développement des énergies renouvelables à l'horizon de 2035, pour une capacité globale de 15.000 mégawatts d'électricité d'origine renouvelable. Sans compter le Plan national ambitieux de production de l'hydrogène vert. L'action du ministère de la Transition énergétique se résume-t-elle à lancer des projets en énergies renouvelables, ou y a-t-il d'autres vecteurs, tout aussi importants? Au ministère de la Transition énergétique, nous accordons un intérêt crucial au triptyque«Formation/Développement/Re-cherche». C'est un axe stratégique, tout aussi important que les actions ministérielles classiques. D'où ces mémorandums thématiques constants, que nous gérons conjointement avec les différents secteurs, dont la formation professionnelle, l'enseignement supérieur, etc. Nous avons commencé avec les profils de techniciens et d'installateurs de photovoltaïques. Un métier qui est en vogue et peut fournir le marché en main- d'oeuvre spécialisée. Sur le plan de la coopération étrangère, nous avons également mis en place, conjointement avec l'ambassade de Turquie, un centre de formation moderne, une sorte de filiale, pour la formation en énergies renouvelables, basé à Cherchell, dans la wilaya de Tipaza. Le centre est doté d'un matériel pédagogique de pointe, dont un simulateur performant, notamment. Est-ce qu'on peut parler, aujourd'hui, de programmes de partenariats concrets avec des pays étrangers ou des investisseurs dans le domaine des énergies renouvelables? En effet, nous avons énormément de perspectives de partenariats avec un nombre important de pays. Il ne se passe pas un jour, sans que je ne reçoive des ambassadeurs, des responsables d'organisations mondiales diverses et autres représentants d'investisseurs étrangers autour des perspectives d'investissements dans le secteur des énergies renouvelables. Il va sans dire que dans la gestion des grands dossiers, notamment en matière d'Objectifs de développement durable ODD, nous avons entrepris des contacts avec l'ensemble des pays développés, dont une vingtaine d'ambassadeurs et de représentants que nous avons reçus. Aujourd'hui, l'Algérie intéresse au plus haut point nombre de pays et d'investisseurs, visiblement très enclins à engager des programmes de coopération ou de partenariat dans le domaine des énergies renouvelables. Nous restons à l'écoute, afin de répondre dans la mesure du possible à ces nombreuses sollicitations. Cela dit, la priorité, aujourd'hui, est au projet des centrales photovoltaïques à démarrer, dans le cadre du projet «Solar 1.000». Ce qui n'exclut pas, bien évidemment, la signature de plusieurs projets de partenariats dans le domaine de la recherche, le développement et la formation, comme je vous l'avais signalé. Quels sont, justement, les projets de partenariats qui ont abouti ou qui sont en cours de concrétisation? Nous avons des projets en matière de géothermie, en hydroélectricité, en Hydrogender, en électromobilité, en matière de formation et d'expertise... Nous recevons les 28/29 mars prochains la visite de deux ministres allemands, pour la concrétisation de projets de partenariats stratégiques. Nous avons des projets de coopération, en matière de «recherche/développement» dans la filière du solaire et du photovoltaïque avec des investisseurs américains, allemands, anglais, suisses et d'autres encore. À signaler aussi que l'Algérie est, désormais, membre au sein des organes clés de l'Irena, l'Agence internationale des énergies renouvelables. Quels sont les projets en cours de réalisation lancés par le secteur, en dehors du projet pilote d'Alger? Nous avons initié un projet pilote dans le village Ifri, dans la wilaya d'Illizi où l'énergie électrique est, totalement solaire. C'est du 100% solaire en plein parc du Tassili, à 176 kilomètres de la ville d'Illizi. Nous avons également procédé à la mise à niveau des petites installations solaires, déjà existantes. Ce projet que nous avons déjà entamé, vise à mettre en place une électrification solaire généralisée aux habitations, les mosquées, les établissements scolaires, l'irrigation, etc... Ce sera notre projet pilote conjointement avec les autorités de wilaya. Je tiens, d'ailleurs, à remercier monsieur le wali d'Illizi pour sa collaboration et pour l'acceptation de cette initiative. Le projet a été adopté sous la formule de co-financement, avec une enveloppe de 30 millions de dinars. Nous sommes également présents dans trois autres projets d'éclairage à énergie solaire dans les wilayas de Batna, Tissemsilt et Bouira. Il s'agit d'un éclairage Smart, c'est-à-dire un éclairage performant et à basse consommation, non énergivore. L'opération va être élargie aux secteurs de la santé, l'éducation et les affaires religieuses, dont les structures seront dotées du même système d'éclairage. Cependant, ces installations photovoltaïques ne seront installées qu'après l'audit énergétique qui devra être initié incessamment. Vous avez procédé à des changements et à de nouvelles nominations dans certains postes stratégiques du secteur. Quel en est l'intérêt? En fait, ces nominations et changements interviennent dans le cadre d'une redynamisation et un redéploiement des structures et personnels du secteur. Cela pour faire face, convenablement, aux défis qui nous attendent, en matière de challenges concernant le plan d'action du secteur des énergies renouvelables, durant les années à venir. Aussi, nous visons à asseoir progressivement une nouvelle organisation, de façon à assurer une certaine synergie entre les différents intervenants et instruments dont dispose le secteur. Il est utile de préciser qu'il est temps que toutes les institutions regagnent le secteur, afin de disposer de toutes les ressources et les énergies disponibles. Nous visons, également, à mettre en place une agence de développement des énergies renouvelables, qui puisse contribuer à l'élaboration des grands axes de la politique nationale des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique du secteur. La politique du secteur tend à éviter les erreurs de certains de nos voisins, qui ont opté pour des choix erronés et inappropriés dans le domaine des énergies renouvelables. C'est une garantie de la sécurité énergétique pour les générations futures.