La problématique du lait vient d'effectuer un bouillonnant passage au Parlement, où les députés ont tarabusté, par leurs questions le directeur général de l'Office national interprofessionnel du lait, l'Onil, Khaled Soualmia. Objet de convoitises, souvent mal distribué, le lait a été au centre de l'intervention de ce responsable de cet office, lors d'une séance d'audition organisée, lundi dernier, par la commission de l'agriculture, de la pêche et de l'environnement au sein du bureau de l'APN. Les députés ont, en effet, appelé à revoir la méthode de distribution du lait à travers le territoire national et la marge bénéficiaire des distributeurs et des détaillants, ainsi que la subvention du lait qui doit être orientée vers les véritables bénéficiaires. Ils ont, de même, appelé à rapprocher les points de vente du consommateur. Le responsable de l'ONIL a alors énuméré une série de mesures à même d'atténuer toute crise du lait. Ces mesures s'assimilent à un véritable plan ad hoc érigé à la veille du mois sacré du Ramadhan. En effet, à une question sur les préparatifs du mois de Ramadhan, Soualmia a indiqué que les pouvoirs publics ont donné, depuis janvier dernier, leur approbation pour l'ajout d'une part mensuelle de 5 000 tonnes de poudre de lait à distribuer aux laiteries durant le premier semestre de 2022. Cette décision a été prise dans le cadre de la commission mixte chargée de la mise en place d'un programme de distribution de la poudre de lait et qui interviendra en cas de pénurie enregistrée dans n'importe quelle wilaya du pays, a-t-il expliqué. Et d'ajouter que la décision permettra d'approvisionner le groupe Giplait en quantités supplémentaires estimée à 500 tonnes/mois, pour anticiper une éventuelle pénurie due à la forte densité de la population et au changement du mode de consommation des citoyens. Selon le DG de l'Onil, le groupe Giplait a déjà pris ses dispositions concernant la production destinée au mois sacré du Ramadhan. Concernant le développement et le soutien de la filière lait, le DG de l'office a évoqué la mise en place de quatre groupes locaux de soutien, depuis 2015, à travers quatre wilayas, à savoir Souk Ahras, Blida, Relizane et Ghardaïa, dont la mission consiste à prodiguer des conseils aux éleveurs et producteurs de fourrages en vue d'optimiser leur rendement. Un programme numérisé a été également mis en place pour que l'Onil puisse réduire les délais d'examen des dossiers relatifs au soutien des agriculteurs, des distributeurs et des laiteries, a-t-il fait savoir. L'Onil assure la poudre de lait aux usines comme complément au lait cru, alors que de nombreuses usines l'utilisent actuellement comme matière première dans la production, a précisé, de prime abord, Khaled Soualmia face aux députés. En 2021, le coût de l'importation de près de 200000 tonnes de poudre de lait par l'Onil s'est élevé à 600 millions de dollars, selon le même intervenant qui a signalé que cet office importe 46% des besoins nationaux en poudre de lait, alors que les usines privées en importent 54%. «Les usines sont légalement responsables de l'opération de collecte pour pouvoir bénéficier de la poudre de lait subventionnée, ce qui l'oblige à collecter le maximum», a-t-il averti. Les députés ont, pour leur part, souligné l'importance de développer l'élevage des vaches laitières et de soutenir les paysans avec les ressources suffisantes, notamment hydriques dans le cadre de coopératives leur permettant d'accroître la production du lait cru. Ils ont également recommandé la révision de la carte de répartition des laiteries, conformément aux besoins de chaque wilaya? en tenant en compte du nouveau découpage administratif du territoire national.