Lundi noir pour l'économie mondiale. Le conflit armé russo-ukrainien l'a mise dans tous ses états, sens dessus dessous. Les prix du pétrole se sont envolés pour établir un nouveau record. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien a frôlé les 140 dollars dimanche soir sur le marché asiatique, tout proche de son record historique du 11 juillet 2008. Cette envolée exceptionnelle a cependant été moindre à Londres où le baril de Brent de la mer du Nord progressait, à 10h15, heure algérienne, de 7,9% à 127,38 dollars tandis que le baril de pétrole américain, WTI, pour livraison en avril gagnait, 7,4% à 124,21 dollars. Des niveaux inédits depuis 14 ans. L'aggravation de la guerre en Ukraine, la menace d'un embargo du pétrole russe ont aussi entrainé une flambée des prix du gaz, de l'or et plongé les places boursières mondiales dans le rouge. Les Etats-Unis et l'Union européenne discutaient, «très activement», de la possibilité d'interdire les importations de pétrole russe, avait déclaré dimanche le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Les experts sont déjà en état d'alerte et évoquent une situation qui conduirait le pétrole à un sommet historique. «L'invasion (de l'Ukraine) a fait grimper en flèche les prix des matières premières, alors que les sanctions occidentales contraignent la Russie à un isolement croissant», a rappelé John Plassard, de Mirabaud Banque. Cesser les importations de pétrole russe «va renforcer la pression haussière sur les prix du pétrole et faire flamber le prix du pétrole à plus de 150 dollars, dans un proche avenir», a estimé, pour sa part, Ipek Ozkardeskaya, analyste auprès de Swissquote. Cette situation pourrait amener les Etats européens à rationner la consommation de l'or noir. La reprise économique risque également de souffrir cette année, a-t-elle averti. «Si l'Occident met un embargo sur la majeure partie du pétrole de Russie, ce serait un choc majeur pour les marchés mondiaux», a indiqué, pour sa part, Ethan Harris, économiste en chef de BofA, qui estime que la perte, pour l'Occident, de cinq millions de barils russes pourrait faire grimper le brut à 200 dollars le baril. La hausse des prix du pétrole serait-elle donc irréversible? À moins de la fin des hostilités, il n'y a pas grand-chose à l'horizon pour ralentir la montée des cours du pétrole, souligne une note de la National Australia Bank, rendue publique, hier. Aucun indice ne montre que c'est le cas, ce qui a profité aux métaux précieux, l'or en l'occurrence, valeur refuge par excellence, qui a momentanément dépassé les 2000 dollars l'once. Une première, depuis août 2020, avant de s'échanger, vers 9h45 à 1997 dollars l'once (+1,36%). L'aluminium a dépassé, pour la première fois la barre, des 4000 dollars la tonne et le cuivre a atteint un niveau historique à 10.845 dollars la tonne, alors que le billet vert gagnait 0,66% face à l'euro. La plupart des places boursières mondiales ont ouvert, en forte baisse. Vers 9h50, Milan lâchait 5,28%, Francfort 4,48%, Paris 4,25%. Londres, plus résiliente depuis le début de cette crise, perdait 2,42%. En Suisse, l'indice vedette SMI chutait de 2,93%. La Bourse de Tokyo a clôturé à son plus bas niveau, depuis novembre 2020, en baisse de 2,94%. Celle de Shanghai à -2,17%. Les pertes, à Hong Kong, étaient encore plus prononcées: -3,87%. Quant au prix du gaz naturel (TTF néerlandais), il s'envolait de 48% à 285 euros le mégawattheure. Les espoirs d'une reprise économique, qui commençait à s'amorcer, avec la baisse en intensité de la crise sanitaire, sont douchés. «La hausse prolongée des prix du pétrole et des matières premières va probablement amener les économies européennes à rationner la consommation et va peser sur la reprise économique et les bénéfices des entreprises en 2022», souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote. Une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques «dévastatrices» au niveau mondial, a averti, de son côté, le FMI. La planète retient son souffle.