Pétrole, gaz, aluminium, blé, maïs..., les matières premières connaissent une hausse continue, impulsée par le conflit russo-ukrainien. Cette remontée généralisée des cours risque de déboucher sur une crise économique mondiale sans précédent, alimentée essentiellement par l'inflation, les problèmes d'approvisionnement et la baisse des échanges mondiaux. Les cours des matières premières énergétiques, non énergétiques et alimentaires poursuivent leur flambée sur les marchés internationaux en raison des craintes pour l'approvisionnement mondial, suscitées par le risque d'enlisement du conflit entre la Russie et l'Ukraine. Alors que le conflit en Ukraine s'exacerbe, le brent de la mer du Nord (+6,62%) a atteint dans la matinée d'hier un pic de plus de sept ans, à 113 dollars le baril, et la référence américaine a inscrit un plus haut depuis août 2013, à 111,5 dollars. Depuis le début de la crise ukrainienne, le pétrole va d'un record à un autre et caracole désormais à plus de 110 dollars le baril. Les deux indices ont progressé de plus de 6% durant la matinée d'hier, faisant craindre une vague inflationniste qui pourrait submerger l'économie mondiale. La crise ukrainienne intervient au moment où les cours du pétrole brut étaient déjà en hausse à la suite d'une reprise de la demande mondiale et de la levée des confinements dans de nombreux pays. Le cours européen de référence du gaz naturel, le TTF néerlandais, s'est, quant à lui, envolé, hier, à 194,715 euros le mégawattheure (MWh), un sommet historique, galvanisé par les tensions entre la Russie et l'Occident ; la Russie étant un important producteur et fournisseur de gaz à l'Europe. Le prix du gaz britannique pour livraison le mois prochain a atteint 463,83 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur), très proche de son record historique atteint en décembre dernier, à 470,83 pence. L'envolée des cours des matières premières, qui suscite toutes les inquiétudes car alimentant une inflation galopante, passe pour transformer le conflit en une crise économique majeure opposant la Russie à l'Occident. Les craintes de perturbations dans l'approvisionnement en pétrole et en gaz russes, en particulier pour l'Europe, ont atteint leur paroxysme. Les sanctions contre la Russie ont exacerbé ces craintes et ajouté une dynamique haussière substantielle aux prix du pétrole et du gaz. Plus tôt cette semaine, le Canada a interdit les importations de pétrole russe. L'Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont infligé à la Russie des sanctions financières et d'autres concernant les actifs que détiendraient à l'étranger le gouvernement russe et sa Banque centrale, ce qui a alimenté les craintes que le pétrole et le gaz pourraient être les prochains secteurs à être sanctionnés. La Russie a également laissé entendre que des sanctions énergétiques de représailles étaient sur la table. De ce fait, il est pour le moins difficile pour les analystes de faire des pronostics sur la durée du conflit et ses conséquences sur les prix de l'énergie. La situation reste en tout cas très volatile sur les marchés ; les investisseurs s'inquiétant de l'aggravation des tensions et des retombées sur l'économie mondiale. Sur les autres marchés des produits de base et matières premières non énergétiques, le mouvement haussier des cours se poursuivait, hier, avec, au tableau, des records ; les céréales atteignant de nouveaux sommets alors que les courtiers craignent pour la production de blé, de maïs et d'huile de tournesol dans cette région de la mer Noire. À Chicago, le boisseau de blé (environ 27 kg) pour livraison en mai 2022 a fait un bond de 5,35% à 9,8400 dollars, un plus haut depuis 2008. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison le même mois a grimpé de 5,07% à 7,2575 dollars. Le LME Index, un indice qui intègre les prix de l'aluminium, du cuivre, du plomb, du nickel, de l'étain et du zinc échangés sur le marché des métaux London Metal Exchange, a également atteint un sommet historique à 4 965,4 points, témoignant de la flambée générale des cours des métaux industriels. Cette hausse généralisée des cours sur les marchés des matières premières et des produits de base pourrait déboucher sur une crise économique mondiale sans précédent, alimentée essentiellement par l'inflation, les problèmes d'approvisionnement et la baisse des échanges mondiaux.