Le pétrole a rebondi de nouveau, hier, prenant 5,07% à 129,46 dollars en Europe, avec la confirmation par Washington de l'embargo américain sur le brut russe, au lendemain d'un séjour remarqué de hauts dirigeants du département d'Etat à Caracas pour conclure un pacte pétrolier avec le Venezuela, s' astreint à de sévères sanctions américaines depuis 2018. Pressé par les congressistes, le président Joe Biden a fini par décider cet embargo sur les importations d'or noir russe, a indiqué hier soir la Maison-Blanche. Biden se démarque ainsi de ses homologues européens, qui hésitaient à franchir le pas, conscients des risques d'une dépendance vis- à- vis des approvisionnements russes qui leur assurent 40% de leurs besoins en gaz naturel et 30% environ pour le pétrole. Tel n'est pas le cas aux Etats-Unis qui reçoivent seulement 8% de leurs importations de brut et autres dérivés de la Russie et n'en importent aucune quantité de gaz. Réticent pendant des jours face à la pression du Congrès parce qu'il sait que l'embargo va nécessairement accélérer l'inflation aux Etats-Unis, Joe Biden a finalement cédé face à un consensus qui a abouti à une proposition de loi soumise au vote des élus, certains d'entre eux comme le sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, affirmant que «c'est la bonne décision» et qu'il faudra ensuite amener l'Europe à s'y résoudre, bon gré mal gré. D'autres élus et notamment la chaîne CNN ne partagent pas cet enthousiasme et prédisent une «augmentation des prix du carburant aux Etats-Unis» ainsi que «des hausses spectaculaires» en Europe, tout en reconnaissant que ce sera «le prix de la défense de la liberté et du soutien au peuple ukrainien». La presse américaine a largement abordé ce rebondissement, soulignant qu'il intervient « sans le soutien de l'Union européenne, où l'Allemagne freine des quatre fers en raison de sa grande dépendance aux exportations de gaz russe. D'ailleurs, le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck a appelé l'Opep à augmenter sa production afin de faire baisser la tension sur les prix, face aux «craintes sur l'approvisionnement». Dans une note publiée par la société Muzinich, spécialisée dans l'investissement, on découvre que la hausse «phénoménale» des prix de l'énergie et les conséquences des sanctions économiques et financières sur la Russie «forcent la révision à la baisse du cycle de croissance mondiale», ce qui laisse sous-entendre que bon nombre de pays vont subir un impact plus ou moins douloureux dans les mois, voire les semaines qui viennent. Cette envolée des coûts de l'énergie et des matières premières a en outre un effet négatif sur les prévisions d'une reprise économique après deux années de Covid-19 qui ont freiné sinon assommée de nombreux pays. Toujours est-il que le pétrole montait fortement, hier, même s'il n'a pas atteint le sommet de lundi, dans un marché volatil. À 130 dollars le baril de Brent, il donne le «la» aux autres produits comme les métaux, le gaz, le blé et bien d'autres matières premières. L'exemple le plus édifiant vient du nickel qui a battu son record pour se situer brièvement, lundi, à 100 000 dollars la tonne. Signe que la fièvre ne fait que commencer.