L'armée russe n'exclut pas de lancer des assauts pour prendre le contrôle total des grandes villes ukrainiennes, a prévenu hier le Kremlin, de nombreux centres urbains du pays par les forces russes. «Le ministère de la Défense, en assurant la sécurité maximale des populations civiles, n'exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées», a indiqué le porte-parole de la Présidence russe, Dmitri Peskov. Il a assuré que le cas échéant, des couloirs humanitaires seraient préservés. Peskov a par ailleurs rejeté les propos de responsables occidentaux affirmant que Vladimir Poutine était «déçu que ses soldats n'avancent pas assez». Selon lui, le président russe avait ordonné jusqu'ici «au ministère de la Défense de ne pas lancer un assaut rapide sur les grands centres urbains, y compris Kiev», afin d'éviter de lourdes pertes civiles. Une nouvelle session de pourparlers entre responsables russes et ukrainiens se tenait hier, sous des auspices plus positifs que les précédentes, même si le conflit s'est étendu ces derniers jours à l'ouest de l'Ukraine, aux portes de l'Otan. Et il y a cette fois une lueur d'espoir qui tranche avec l'échec des trois premières sessions de pourparlers au Bélarus, puis de la rencontre jeudi en Turquie entre les ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et ukrainien Dmytro Kouleba. Dimanche soir, un négociateur russe a fait état de «progrès significatifs». «Mon attente personnelle est que ces progrès aboutissent très prochainement à une position commune entre les deux délégations et à des documents à signer», a ajouté Léonid Sloutski, cité par les agences de presse russes. Peu après, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a tweeté que Moscou avait cessé de lancer «des ultimatums» à Kiev et commencé à «écouter attentivement nos propositions». Deux déclarations empreintes d'optimisme qui font écho à celles des deux présidents les jours précédents, Vladimir Poutine évoquant vendredi «des avancées positives» dans les pourparlers et Zelensky notant le lendemain une «approche fondamentalement différente» de Moscou. Toujours côté diplomatie, de hauts responsables américains et chinois devaient se rencontrer, hier à Rome, selon la Maison- Blanche qui «s'inquiète d'une possible assistance de Pékin à Moscou». Le New York Times a avancé dimanche, en citant des responsables américains anonymes, que la Russie avait demandé l'aide économique et militaire de la Chine pour «mener la guerre et contourner les sanctions occidentales». Pékin a vivement réagi, hier, dénonçant une campagne de désinformation «hostile à la Chine». Dimanche soir, le camp occidental a témoigné par téléphone son soutien à Kiev. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré Kouleba de «la solidarité inébranlable des Etats-Unis avec l'Ukraine pour la défendre», selon son porte-parole Ned Price. Le président français, Emmanuel Macron, qui parle régulièrement avec Vladimir Poutine pour tenter un cessez-le-feu, s'est entretenu avec Biden pour convenir de «renforcer les sanctions», puis avec Zelensky, selon la Présidence française. Sur le terrain, la fin de semaine a vu les bombardements russes toucher la partie occidentale de l'Ukraine, jusqu'alors épargnée. Ils ont frappé dans la nuit de samedi à dimanche la base militaire de Yavoriv, à une vingtaine de kilomètres de la Pologne, pays membre de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne, et près de Lviv, où vivent de nombreux déplacés. Une base où arrive une partie de l'aide militaire livrée par les Occidentaux à l'Ukraine. Zelensky a de nouveau exhorté l'Otan, dans la nuit de dimanche à lundi, à instaurer une zone d'exclusion aérienne, prévenant qu'à défaut l'organisation risquait de voir des «roquettes russes» tomber sur ses Etats membres. Le ministère russe de la Défense a justifié la frappe en se félicitant que «jusqu'à 180 mercenaires étrangers et une importante quantité d'armes étrangères ont été éliminés». Dans cette région, des frappes avaient déjà visé samedi un aéroport militaire à Lutsk, tuant quatre soldats ukrainiens, puis dimanche celui d'Ivano-Frankivsk. Dans le sud du pays, la Russie a resserré son étreinte, si l'on en croit le ministère britannique de la Défense, qui a tweeté que les forces navales russes avaient «établi un blocus à distance de la côte ukrainienne de la mer Noire, isolant de fait l'Ukraine du commerce maritime international». La ville portuaire de Mykolaïv avait encore été visée par des bombardements dimanche, faisant neuf morts. Plus à l'est, la situation reste dramatique à Marioupol, ville assiégée qui attend toujours l'arrivée d'un convoi d'aide humanitaire. Plus globalement à l'est, les combats restent intenses. Au nord, Kiev est désormais «une ville en état de siège», selon les mots d'un conseiller du président ukrainien.