Portés à des sommets jamais revus depuis l'été 2008, par le déclenchement de la guerre en Ukraine, les cours de l'or noir ont fini par baisser pavillon pour flirter avec la barre psychologique des 100 dollars, à Londres, après avoir frôlé les 140 dollars il y a à peine une semaine. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en mai valait 100, 28 dollars, hier, vers 14h00, soit un recul de 6,62 dollars par rapport à la veille. Le baril de West Texas pour livraison en avril chutait pour sa part de 6,34 dollars à 96, 67 dollars. Les espoirs suscités par les négociations russo-ukrainiennes, même si les armes sont encore loin de se taire, et les inquiétudes d'un ralentissement de l'économie chinoise, suite à une nette recrudescence de la pandémie de Covid-19 qui a contraint l'Empire du Milieu à reconfiner des dizaines de millions de ses habitants, sont à l'origine de ce «pschitt» des prix du pétrole. Les experts sont unanimes. Les cours de l'or noir continuaient de baisser par rapport aux sommets atteints la semaine précédente, tirés par «l'espoir que les pourparlers entre la Russie et l'Ukraine puissent conduire à une désescalade du conflit», a souligné dans une note Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. «Une résolution pacifique du conflit en Ukraine pourrait conduire à des sanctions moins sévères à l'encontre de la Russie et alléger les pressions sur l'offre» a-t-il fait remarquer. En Chine, en raison d'une augmentation du nombre de cas de Covid-19, un confinement sanitaire a été décrété dans plusieurs villes dont Shenzhen, centre technologique du sud du pays. Quelles conséquences entraînerait une telle situation sur le marché pétrolier? «L'évolution de la situation en Chine, où la nouvelle vague d'infections au Covid-19 pourrait réduire la demande à court terme, a également pesé sur le prix» du pétrole, affirme Richard Hunter, analyste chez Interactive Investor. Les potentielles réductions «de l'activité économique en Chine, résultant des mesures de restrictions sanitaires entraîneront une baisse de la demande qui devrait être bien accueillie par les investisseurs qui ont évolué dans un marché très tendu et elle pourrait contribuer à une baisse des prix», confirme Ricardo Evangelista. De nombreuses usines sont à l'arrêt. Le confinement «aura des répercussions économiques s'il dure», a estimé lundi le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton. Par ailleurs, le conflit russo-ukrainien n'a en rien affecté les approvisionnements de pétrole et de gaz russes vers l'Europe. «Les exportations russes vers l'Europe ont augmenté de 3% par rapport à la semaine dernière, les niveaux les plus élevés depuis décembre 2021», relève Kaushal Ramesh, analyste pour Rystad Energy. Le président russe Vladimir Poutine avait assuré, de son côté que la Russie maintenait toutes ses livraisons d'hydrocarbures, malgré les sanctions occidentales. «Tous les volumes» étaient livrés à l'Europe comme ailleurs, avait indiqué le maître du Kremlin précisant que même le «système de transport de gaz de l'Ukraine est rempli à 100%». Il faut rappeler que le réseau de gazoduc ukrainien est une des voies essentielles pour approvisionner le continent européen, dont 45% des importations de gaz proviennent de Russie. Cela n'écarte pas, toutefois, une reprise de la marche en avant du baril. «La possibilité d'une rupture complète des négociations continue de représenter un risque important de hausse pour les prix du pétrole et du gaz» a averti Kaushal Ramesh. Il faut souligner que malgré leur plongeon, les prix du pétrole restent malgré tout sur une hausse de près de 47% sur 12 mois.