Le 19 mars, l'Algérie va célébrer le 60e anniversaire des accords d'Evian ayant ouvert la voie à l'Indépendance. L'heure pour les relations algéro-françaises de prendre de nouvelles tournures après de graves tensions. Pour l'Algérie, comme pour la France, le 19 mars prochain peut être l'ultime tentative de revenir à une coopération stratégique commune à défaut de s'inscrire dans la longue file des «parodies amoureuses», où la méprise et les préjugés ont, toujours, été les maîtres- mots. D'autant que plusieurs dossiers sont en suspens. La célébration du 60e anniversaire de l'Indépendance devrait être la «tentative de reprendre langue» à même de concrétiser la «réconciliation des mémoires». Une réconciliation, à laquelle, certes, le président français Emmanuel Macron semble accorder beaucoup d'importance. Une question à aborder dans un climat d'«apaisement». Et ce, «sans acrimonie» et des «accusations» loin d'être «forcément avérées», souvent «sources de conflits». Les douleurs du passé n'en finissent toujours pas de saisir le présent. D'autant que le passif colonial complique les rapports entre les deux Etats. La remise en cause de l'histoire de l'Algérie par Macron avait fini par empoisonner le peu de climat respirable qui existait sur les deux rives de la Méditerranée même si l'objectif de la dernière visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en Algérie, visait à reprendre le dialogue après les récentes polémiques entre les deux pays. «Nous souhaitons que le dialogue que nous relançons aujourd'hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements au-delà des blessures du passé que nous devons regarder en face au regard des malentendus qu'il nous revient de dépasser», a déclaré Jean-Yves Le Drian à la presse après avoir rencontré le Président Abdelmadjid Tebboune. Question de malentendus, la liste est longue. À commencer par la question des visas délivrés aux Algériens après que la France avait décidé de les réduire en septembre dernier, en signe de protestation contre la «mauvaise» volonté d'Alger de récupérer «ses ressortissants en situation irrégulière en France». Là encore, il faudra de longues négociations. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision française, France 24, le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra, a été très explicite en évoquant une certaine «sélectivité du côté français». Et d'appeler à agir selon la loi et les accords convenus. L´autre dossier en suspens concerne le retour des investisseurs français en Algérie. Au vu de la proximité géographique, les PME françaises, comme les plus grandes entreprises, devraient être les mieux placées pour bénéficier de l'ouverture de l'Algérie aux investissements directs étrangers (IDE) et du redémarrage de l'économie. Au plan sécuritaire, Alger et Paris y gagneraient beaucoup à se concerter. Autant de dossiers en suspens qui devraient être abordés lors de la 5e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (Cihn) à Alger. Une réunion prévue en avril 2021 mais reporté «sine die pour des raisons sanitaires», selon les services du Premier ministre français mais de l'autre côté de la Méditerranée, la réduction de la taille de la délégation ministérielle française, ramenée à 3 au lieu de 8 ministres, a été jugée comme une offense.