Les Etats-Unis devaient annoncer, hier, une nouvelle assistance sécuritaire de 800 millions de dollars pour aider l'Ukraine à faire face aux forces russes, qui resserrent leur étau en dépit de nouveaux pourparlers entre Kiev et Moscou, qualifiés par le président ukrainien de «plus réalistes». Le président américain Joe Biden doit faire cette annonce après une intervention par vidéo de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky devant le Congrès des Etats-Unis. «Au total, le président a autorisé 2 milliards de dollars en matière de sécurité depuis le début de l'administration» Biden, a précisé un responsable de la Maison-Blanche. Washington a déjà fourni à l'Ukraine au cours de l'année passée environ 2.600 armes antichar Javelin et plus de 600 missiles anti-aériens Stinger, a-t-il ajouté. Zelensky est intervenu, hier, devant les parlementaires américains, qui pressent régulièrement le président Biden de durcir le ton face à la Russie. Le président ukrainien devrait appeler une nouvelle fois à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays, une mesure soutenue par plusieurs élus du Congrès, mais que le président américain a pour l'instant écartée. Des élus américains des deux camps exhortent aussi Joe Biden à faciliter la livraison d'avions polonais Mig-29 à l'Ukraine, ce à quoi Washington a opposé un refus définitif. En dépit de ces appels à l'aide, les tirs russes contre plusieurs villes ukrainiennes se sont intensifiés, notamment à Kiev, qui vit un «moment dangereux», selon son maire Vitali Klitschko. Plusieurs fortes explosions ont à nouveau été entendues à l'aube mercredi dans la capitale. D'épaisses colonnes de fumées noires ont peu après été observées dans le ciel de la ville, comme la veille, où plusieurs frappes russes avaient touché des immeubles résidentiels. Aucun bilan ou précisions n'étaient donnés dans l'immédiat par les autorités locales. A Marioupol, 20.000 civils ont pu quitter la ville portuaire. La Russie élargit son offensive à l'ensemble de l'Ukraine, visant désormais aussi l'Ouest. Après des frappes sur une base militaire proche de la Pologne dimanche, une frappe lundi contre une tour de télévision près de Rivne (nord-ouest) a fait 19 morts, selon les autorités locales. Dans ce contexte de frappes intenses, des négociations entre Moscou et Kiev, entamées mardi, devaient reprendre hier. Le président ukrainien a apporté mardi un peu d'espoir, jugeant que les positions étaient désormais «plus réalistes». Cependant, a-t-il reconnu, «il faut encore plus de temps pour que les décisions soient dans l'intérêt de l'Ukraine». Les efforts de médiation de la Turquie, pays membre de l'Otan mais ayant refusé de s'associer aux sanctions contre Moscou, se poursuivent également. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu est à Moscou, où il a eu hier des entretiens, puis va en Ukraine aujourd'hui afin de rechercher un cessez-le-feu, selon Ankara. Les Occidentaux veulent aussi réaffirmer leur unité et leur engagement aux côtés de l'Ukraine. Kiev a reçu mardi la visite des Premiers ministres polonais, tchèque et slovène. Mateusz Morawiecki, Petr Fiala et Janez Jansa ont rencontré le président ukrainien à qui ils ont promis leur soutien. Il s'agit de la première visite de dirigeants étrangers à Kiev depuis le début de l'intervention russe le 24 février. Parallèlement, Varsovie a réclamé la mise en place d'une «mission de paix» de l'Otan, «protégée par les forces armées» pour venir en aide à l'Ukraine. Accueilli froidement, le sujet ne sera pas abordé lors d'un sommet extraordinaire de l'Otan prévu le 24 mars à Bruxelles. Joe Biden s'y rendra pour réaffirmer «l'engagement à toute épreuve» des Etats-Unis auprès de leurs alliés, selon la Maison Blanche. Et, faute de pouvoir intervenir militairement, les Occidentaux continuent à durcir leurs sanctions. L'Union européenne va priver les oligarques russes de berlines de luxe, champagne et autres articles haut de gamme, via un quatrième paquet de sanctions entré en vigueur mardi. Moscou a répliqué avec des contre-sanctions visant Joe Biden, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et plusieurs membres de leurs gouvernements. La Russie cherche également à faire avancer un projet de résolution «humanitaire» devant le Conseil de sécurité de l'ONU, qui pourrait faire l'objet d'un vote aujourd'hui. Le texte russe exprime la «profonde préoccupation» du Conseil de sécurité «face aux informations faisant état de victimes civiles, y compris d'enfants, en Ukraine et dans les environs». En presque trois semaines de guerre, plus de trois millions de personnes ont fui l'Ukraine, majoritairement vers la Pologne, d'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).