Une nouvelle campagne électorale a commenc, hier, pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen, arrivés en tête du 1er tour de la présidentielle en France, pour tenter de rassembler des électeurs aux réactions incertaines. «Rien n'est joué», «c'est une nouvelle campagne qui commence»... Les deux camps ont insisté sur l'importance des deux prochaines semaines avant le second tour du 24 avril, pour lequel les sondages prévoient une victoire d'Emmanuel Macron beaucoup plus étriquée qu'en 2017, quand il avait battu sèchement la dirigeante de l'extrême droite. Dès dimanche soir, les deux finalistes ont appelé au rassemblement, Emmanuel Macron remerciant les éliminés qui ont appelé à faire barrage à l'extrême droite; Marine Le Pen invitant «tous ceux qui n'ont pas voté» pour le président sortant à la «rejoindre». M. Macron s'est dit prêt à créer une nouvelle structure pour rassembler, au-delà des «différences», dans «un grand mouvement politique d'unité et d'action». «On ne vise pas une coalition de partis», a toutefois expliqué la ministre de la Transformation et de l'Action publiques Amélie de Montchalin, écartant des «compromis sur le programme» électoral. Des premiers sondages réalisés dimanche soir en vue du second tour donnent Emmanuel Macron vainqueur, soit de justesse (51-49% selon Ifop-Fiducial), soit un peu plus largement (54-46% pour Ipsos) mais dans tous les cas de manière beaucoup plus étriquée qu'en 2017 quand il l'avait emporté avec 66% des votes. «Ce qui se jouera le 24 avril sera un choix de société et de civilisation», a lancé Mme Le Pen, en promettant de «restaurer la souveraineté de la France». «Rien n'est joué», a dit Emmanuel Macron et «le débat que nous aurons pendant 15 jours sera décisif pour notre pays et pour l'Europe», a-t-il déclaré devant ses partisans. Marine Le Pen a défendu sa vision d'un «rassemblement des Français autour de la justice sociale et de la protection, garantie par un cadre fraternel autour de l'idée millénaire de nation», qu'elle a opposée à «la division, l'injustice et le désordre imposés par Emmanuel Macron au profit de quelques-uns». Le président sortant a dit vouloir «une France qui s'inscrit dans une Europe forte, qui continue de nouer des alliances avec les grandes démocraties pour se défendre, pas d'une France qui n'aurait pour seuls alliés que l'internationale des populistes et des xénophobes», en référence à Mme Le Pen qui entretient de bonnes relations avec le Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban. Deux principaux défis se dresseront sur la route des deux prétendants: l'abstention qui a été très forte, aux alentours de 25%, et le report de voix qui est incertain, tant est vive la défiance des Français envers la politique et pour certains envers la politique menée par Emmanuel Macron, qu'ils qualifient de «président des riches». Communistes, socialistes, écologistes ont fait les mêmes appels, de même que la candidate de la droite Valérie Pécresse. Pour autant, leur portée reste incertaine vu la personnalité clivante de Macron chez les électeurs de gauche. Marine Le Pen a sur le papier une réserve de voix nettement moins importante. Elle pourra compter sur le soutien de l'autre candidat de l'extrême droite Eric Zemmour, aux alentours de 7%. Le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, aux alentours de 2% a lui aussi appelé à voter Marine Le Pen. «C'est une nouvelle élection qui commence», a estimé Louis Aliot, un des cadres du Rassemblement national (RN) et ancien compagnon de la candidate. Un moment clé des deux semaines de la nouvelle campagne qui commence sera le 20 avril lors du traditionnel débat télévisé de l'entre-deux tours. Cette année, Marine Le Pen semble nettement mieux préparée. Elle a conduit une campagne de terrain, axée sur le pouvoir d'achat, principale préoccupation des électeurs, tandis qu'Emmanuel Macron, accaparé par la crise en Ukraine, s'est assez peu impliqué dans le premier tour.