La Tunisie et le Maroc sont sur les 3 couloirs principaux de migration saisonnière. H5N1, un terme rébarbatif pour le profane mais qui en dit long pour les experts de la FAO et spécialistes de 4 pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc et Mauritanie) et de Djibouti, qui se sont penchés cette semaine dans la ville balnéaire de Hammamet, (sud de Tunis), sur le danger, non encore éteint et toujours menaçant, de la grippe aviaire. Bien qu'aucun cas n'ait été détecté dans les pays du Maghreb, espace migratoire nord-sud, le manque évident de moyens, pour parvenir à un niveau adéquat de surveillance et de lutte contre la grippe aviaire, a été constaté par les experts réunis sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Un délégué de cet organe onusien, Arnaud Le Menach, a appelé instamment les bailleurs de fonds internationaux «pour mettre en place des projets conséquents» dans la région. «Les compétences sont là, le niveau de connaissances est satisfaisant, mais le manque de moyens est flagrant», a-t-il résumé, en marge de cette réunion de six jours, tout en évoquant un besoin pressant de finances, estimé à 700 millions de dollars, pour l'acquisition d'équipements, de matériels et produits de laboratoires ou encore de logiciels. «Le virus peut se répandre tant qu'il y aura des foyers dans des régions proches qu'il y ait des échanges commerciaux contrôlés ou non», a cependant noté Le Menach qui a relevé la nécessaire rigueur dans une surveillance sans psychose. Les vétérinaires, épidémiologistes et ornithologues réunis ont testé leurs capacités à mettre en place des plans d'intervention d'urgence en cas de contamination, à travers la migration ou le commerce des oiseaux sauvages. L'importance des réseaux vétérinaires et des bases de données a été mesurée. Le comportement des oiseaux aquatiques migrateurs, les techniques de prélèvement, de comptage, de baguage et d'identification ont fait l'objet de démonstrations pratiques effectuées sur des plans d'eau dans la région du Cap Bon (Nord-Est tunisien). Après la mort d'une dizaine de personnes en Asie, et l'abattage de quelque 100 millions de poulets dans le monde, les pays du Maghreb ont convenu, en février dernier à Tunis, d'une stratégie commune de lutte contre cette épizootie par un renforcement du contrôle sur les oiseaux migrateurs et par un échange continu d'expertises, d'informations et de résultats d'analyses. En Libye, un comité permanent de lutte existe depuis 2000 alors qu'en Algérie, des dispositions ont été prises depuis 2003, selon le ministre de l'Agriculture Saïd Barkat qui a invité les pays maghrébins à un échange de données et à coordonner les efforts pour éviter la propagation de cette pandémie déjà attendue vers la fin de l'an dernier, ensuite en juin courant alors qu'elle serait annoncée vers la fin de l'été.