L'Algérie qui a en partage une histoire commune avec la Turquie est de surcroît son premier partenaire africain. La coopération entre les deux pays est cependant loin de répondre à leurs attentes. Les investissements turcs en Algérie s'élèvent, jusqu'à présent, à 5 milliards de dollars, outre près de 1300 entreprises turques activant en Algérie, avait indiqué le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu lors de la visite qu'il avait effectuée, en Algérie, au mois d'août 2021. Les exportations de l'Algérie vers la Turquie ont atteint la valeur de 2,5 milliards de dollars tandis que les importations ont été de l'ordre de 1,7 milliard de dollars. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays aurait atteint 4,2 milliards de dollars en 2021 selon les statistiques du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations. C'est dire si la marge de manoeuvre est importante au vu des potentialités et surtout des ambitions affichées des deux côtés. La visite du chef de l'Etat en Turquie permettra aux relations stratégiques entre les deux pays de «s'ouvrir sur d'autres perspectives qui seront à la hauteur des attentes des deux peuples algérien et turc», avait déclaré quatre mois plus tard le Premier ministre Aimene Benabderrahmane lors du 3e sommet Turquie-Afrique qui s'est tenu à Istanbul, en décembre 2021. L'Algérie, qui demeure un partenaire privilégié de la Turquie aux niveaux arabe et continental, cible à travers cette visite du chef de l'Etat à élargir davantage son champ d'action. Les investissements turcs en Algérie sont loin d'être insignifiants, même s'ils sont encore loin de ceux espérés. L'Algérie qui a initié un Plan de relance économique ambitieux, en août 2020, pour s'affranchir de son addiction à son pétrole, offre une opportunité exceptionnelle pour les booster davantage. En décrétant 2022 année économique, elle fait la part belle aux investisseurs étrangers et nationaux. Le président de la République n'a pas lésiné sur les mots pour les soutenir pour qu'ils puissent donner leur pleine mesure. Il sera à cet effet notamment question d'organiser la 1ère session du Conseil de coopération de Haut niveau initiée par le chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Il faut souligner que le partenariat économique entre Alger et Ankara connaît une dynamique remarquable, à travers des rendez-vous internationaux et à la tenue de nombreux forums d'affaires. Il y a eu le 16e Forum de la coopération arabo-turque qui s'est tenu du 25 au 28 janvier 2022 à Istanbul. Une rencontre algéro-turque organisée par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci) en avril 2017. Une cinquantaine de sociétés turques parmi les plus performantes avaient séjourné à Alger du 15 au 18 septembre 2012 dans le cadre d'une mission économique organisée par la Chambre de commerce d'Istanbul... Liés par un traité d'amitié et de coopération depuis mai 2006, les deux pays saisiront l'opportunité qu'offre cette visite du président Tebboune pour donner une nouvelle impulsion à leur coopération bilatérale dans différents domaines. Parmi les contrats qu'ils ont conclus, celui qui a porté sur le renouvellement du contrat d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) est sans doute le plus significatif. «Nous avons signé un renouvellement de contrat permettant à l'Algérie d'approvisionner la Turquie en gaz naturel liquéfié (GNL) jusqu'à 2024», avait annoncé le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, en marge du Forum d'affaires algéro-turc, qui a eu lieu le 26 janvier 2020 à Alger. Un accord qui atteste de relations remarquables entre les deux pays dans le domaine énergétique. L'Algérie détient près de 40% du marché turc de gaz de pétrole liquéfié (GPL). Il faut rappeler que le groupe Sonatrach et la société turque Renaissance sont liées par un partenariat qui consiste à réaliser un complexe pétrochimique de production de propylène et de polypropylène (PDH-PP) en Turquie, dans la ville d'Adana. L'investissement estimé à 1,4 milliard de dollars, est détenu à hauteur de 66% par la partie turque et 34% par l'entreprise pétro-gazière algérienne. Autant d'indices qui attestent d'un partenariat exceptionnel que doit sceller la visite d'Etat, en Turquie, du président de la République.