Le président turc Recep Tayyip Erdogan a achevé hier sa visite de deux jours en Algérie en laissant une grande part de souhaits de développer les échanges économiques. Même si le dossier libyen a été au premier plan du séjour algérois d'Erdogan, néanmoins la coopération économique a pris la part du lion dans le plan de communication adopté pour l'occasion par les hauts responsables des deux pays. «A chacun de mes déplacements à l'étranger, je tiens toujours à emmener avec moi des hommes d'affaires de mon pays afin d'ouvrir des portes aux échanges économiques… L'Algérie, pays frère et ami, est une porte pour la Turquie sur le Maghreb et l'Afrique… C'est un centre de gravité du continent et un partenaire stratégique», a souligné l'invité de Abdelmadjid Tebboune, en plaidant pour l'instauration d'une zone économique de libre-échange entre les deux pays. Invitant l'Algérie à prendre part au plus haut niveau au troisième sommet Turquie-Afrique, Erdogan estime que se rapprocher de l'Afrique du Nord et de l'Algérie est une priorité pour la Turquie. «A chacune de mes visites en Algérie, je suis ébloui par la richesse naturelle et culturelle de votre pays… Nous allons vous apporter tout notre soutien pour atteindre vos objectifs de développement», a déclaré le président turc devant le forum des hommes d'affaires tenu dimanche soir à Alger. Erdogan estime que l'absence d'une zone de libre-échange entre les deux pays est une lacune qu'il faudra lever à travers la création convenue du Conseil de coopération de haut niveau. Autre lacune soulignée est l'application de mesures restrictives à l'importation qui, dit-il, affectent «le développement de nos échanges». Ceci et de plaider pour plus de souplesse dans l'octroi des visas entre les deux pays. Le président turc dit vouloir hisser le volume des échanges commerciaux à des niveaux plus importants. «Le volume commercial stagne depuis une longue période au niveau de 4 milliards de dollars. Ce volume est insuffisant pour des pays qui sont des pivots dans leurs régions respectives. Nous avons convenus avec le président Tebboune de hisser ce niveau des échanges à 5 milliards de dollars», a-t-il affirmé, avec la réactivation de la commission mixte. Le président turc souligne que les entreprises turques sont impliquées dans 377 projets en Algérie et affirme que son pays apporte des investissements et n'a pas que des marchandises à vendre. «Il y a 1000 entreprises turques installées en Algérie atteignant un investissement global de 3,5 milliards de dollars et créant 10 000 emplois», dit-il fièrement en plaidant pour une diversification des secteurs d'échanges entre les deux pays, notamment l'agriculture, le tourisme, la pétrochimie et la défense. Concernant ce dernier chapitre, Erdogan vante les mérites de l'industrie d'armement dans son pays qui, dit-il, est passée de 20% à 70% avec un investissement de 9 milliards de dollars et des exportations s'élevant à 2 mds de dollars. Le chef d'Etat de Turquie insiste ainsi sur les qualités des drones armés en affirmant faire partie des quatre premiers pays au monde à utiliser des technologies avancées en la matière. «Dans une période où les tensions régionales sont ce qu'elles sont, la coopération dans le secteur de la défense est une solution à développer», note l'orateur en faisant allusion aux tensions aux frontières algériennes. Erdogan suggère aussi un autre domaine de coopération dont la Turquie détient une bonne part du marché mondial et qui est l'industrie Hallal. «Nous avons un institut d'accréditation des aliments Hallal. Ceci pourrait représenter un cadre supplémentaire à la coopération technique bilatérale», a soutenu le chef d'Etat turc. Renouvellement du contrat d'approvisionnement en gaz Un accord portant renouvellement du contrat d'approvisionnement de la Turquie en gaz naturel liquéfié pour les cinq années à venir a été signé dimanche à Alger. «Nous avons signé un renouvellement du contrat permettant à l'Algérie d'approvisionner la Turquie en gaz naturel liquéfié jusqu'à 2024… Il s'agit d'un accord qui renforce les relations entre les deux pays dans le domaine énergétique» affirme le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, en notant que l'Algérie détient 38% du marché turc de gaz. Interrogé sur le projet de réalisation du complexe pétrochimique de production de propylène et de polypropylène (PDH-PP) en Turquie, Arkab a rappelé que la réception du projet et sa mise en exploitation est prévue 24 mois après le lancement des travaux de réalisation. Ce projet est, pour rappel, un partenariat algéro-turc dont le contrat a été signé en septembre dernier. Il s'agit d'un investissement de 1,4 milliard de dollars détenu à hauteur de 66% par la société turque Renaissance et 34% par la compagnie nationale Sonatrach. «Ce partenariat permettra un transfert de technologie en Algérie qui compte construire un complexe pétrochimique de production de propylène et de polypropylène à Arzew», indique le ministre. N. B.