Les prix du pétrole ont débuté une nouvelle semaine en hausse avant de lâcher pied. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'échangeait à 111,06 dollars à 13h10 heure algérienne soit 1,07 dollar de plus que la séance précédente avant de baisser à 106,50 vers 15h30. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, progressait de son côté de 1,06 dollar à 111,34 dollars avant de plonger à 109,30 dollars. Les cours qui se sont installés depuis quelques semaines autour des 110 dollars pourront-ils décoller? Une hypothèse fort probable. Pourquoi? Pour la simple raison que la bride qui les étouffait desserre peu à peu son étreinte. «Les prix du pétrole sont en hausse, le Brent repassant au-dessus du WTI (113,26 dollars contre 110,29 vers 11h00 Ndlr) alors que Shanghai s'apprête à lever son embargo de deux mois, ce qui atténue les inquiétudes concernant la faiblesse de la demande chinoise», indique Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor. Il faut rappeler, en effet, qu'un confinement strict a été imposé à la capitale économique chinoise, Shanghai. Cette mégapole, de 25 millions d'habitants, affronte sa pire flambée de Covid-19 depuis 2 ans. Un blocage qui ralentit la demande de pétrole dans l'Empire du Milieu, premier importateur mondial de brut. Un million de barils de brut par jour manquerait à l'appel de la demande mondiale. Il faut souligner, par ailleurs, que le brut type Brent de la mer du Nord est destiné à une zone géographique beaucoup plus large que le WTI américain, qui, lui, reste principalement consommé aux Etats-Unis, d'où l'intérêt qui lui est attribué. Le déconfinent progressif de Shangai est donc de bon augure pour la demande qui trouvera une autre source supplémentaire dans celle du pays de l'Oncle Sam qui est aussi attendue à la hausse dans les prochains jours et les prochains mois. «En outre, une demande plus forte est également attendue aux Etats-Unis à l'approche de la haute saison de la conduite automobile, du week-end du Memorial Day, fin mai, à la Fête du travail, en septembre», souligne Victoria Scholar, les Etats-Unis étant, il faut le rappeler, le plus grand consommateur mondial de pétrole. Ce sont donc les deux locomotives de l'économie mondiale qui devraient servir à tirer vers le haut les prix du pétrole. Un attelage puissant auquel il faut ajouter un autre tout aussi remarquable: l'embargo européen sur le pétrole russe. L'Union européenne se rapproche d'un accord sur l'interdiction des importations de pétrole russe, «ce qui aura pour effet de resserrer davantage les marchés et de soutenir les prix du pétrole brut», affirme Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy. «Les termes de l'embargo sont encore en cours de négociation, dans un contexte de forte résistance de la part de pays fortement dépendants de l'énergie russe, notamment la Hongrie» selon l'analyste. Les Etats membres devraient toutefois «s'aligner en temps voulu pour faire avancer le dernier train de sanctions, éventuellement lors d'un sommet qui se tiendra les 30 et 31 mai». ll faut rappeler que la proposition soumise par Bruxelles aux Vingt-Sept prévoit un arrêt des importations de pétrole brut russe dans les six mois et des produits raffinés, notamment le gazole, d'ici à fin 2022. Pour être adopté, l'embargo doit être accepté à l'unanimité par tous les membres de l'Union européenne. Un embargo de l'UE pourrait mettre environ 3 millions de barils par jour de pétrole russe hors circuit. Il faut rappeler que les importations russes assurent à l'Europe 30% de ses besoins en pétrole. Il faut souligner que pour tenter de combler cet hypothétique déficit le président américain a décidé d'utiliser 1 million de barils par jour des réserves stratégiques américaines durant 6 mois. Soit plus de 180 millions de barils. De la dynamite pour les prix de l'or noir...