Le baril se relance suite à un début de semaine catastrophique qui l'a vu s'enfoncer sous la barre psychologique des 100 dollars, le 11 avril. Quelles sont les raisons de ce plongeon? «Les cours ont flanché lundi à cause des inquiétudes autour de la Chine et de ses confinements doublés des incertitudes quant à la Russie et à sa capacité future à exporter du pétrole», si l'Europe envisage de nouvelles sanctions, expliquait Phil Flynn de Price Futures Group. C'était sans compter sur ces réveils brutaux dont seul le baril détient le secret. La résurrection a eu lieu dès le lendemain. Les prix du pétrole poursuivaient, hier, en cours d'échanges, leur marche en avant après avoir progressé la veille de plus de 6 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, référence du pétrole algérien, s'échangeait à 105, 97 dollars vers 13h30. Soit 1,33 dollar de plus que la séance précédente. Le baril de West Texas (WTI) américain pour livraison en mai grappillait quant à lui 1,01 dollar à 101,61 dollars. Est-ce l'esquisse d'une nouvelle dynamique? Ça en a l'air. Tous les ingrédients sont là en tout cas pour une énième envolée. Shangai se déconfine... crainte sur l'offre, guerre en Ukraine...Paroles d'experts. «Les prix du pétrole rebondissent plus vite qu'ils n'ont chuté hier, car la baisse de la demande chinoise due à la pandémie et la libération des réserves stratégiques américaines ne sont pas convaincantes pour les perspectives à moyen terme, qui restent haussières», indique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote. «Le marché a été exalté par le fait que la ville de Shanghai est en quelque sorte sur la voie d'être opérationnelle à nouveau. Cela va mettre fin à une forte destruction de la demande de pétrole», a souligné Robert Yawger de Mizuho USA qui estime que les confinements dans la capitale économique chinoise enlèvent un million de barils de brut par jour à la demande mondiale. Un confinement strict a été imposé à la capitale économique chinoise, de 25 millions d'habitants, qui affronte sa pire flambée de Covid-19 depuis 2 ans. Un blocage qui ralentit la demande de pétrole dans l'empire du Milieu, second consommateur mondial d'or noir, en voie d'être levé. Cela a atténué «la nervosité des investisseurs quant à l'éventualité d'un ralentissement de la demande de la deuxième économie mondiale», relève Victoria Scholar, analyste chez Interactive investor. Une autre donnée et non des moindres sera déterminante dans l'orientation des cours de l'or noir: une demande croissante et une offre insuffisante à cause de l'embargo qui pèse sur les exportations russes qui sont déjà boycottées par les Etats-Unis, la Grande- Bretagne et les pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie). L'organisation des pays exportateurs de pétrole qui a mentionné dans son dernier rapport mensuel que la demande mondiale augmenterait de 3,67 millions de barils par jour en 2022, soit 480 000 b/j de moins que sa précédente prévision a averti qu'elle n'ouvrira pas davantage ses vannes pour éponger ce déficit. Le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, a prévenu l'Union européenne, le 11 avril, que les 7 millions de barils/j d'exportations russes qui seraient perdus en raison des sanctions ne pourraient pas être intégralement remplacés, indique la presse financière. Ce qui ne fera qu'exacerber la tension sur un marché déjà bien chahuté. «Le rapport mensuel de l'Opep implique que l'organisation ne peut pas suppléer aux barils qui n'ont pas été produits par la Russie», a indiqué Robert Yawger de Mizuho USA, précisant que la production russe de brut a diminué de 530 000 barils/j ce dernier mois. Il faut rappeler que l'Opep est lié à 10 autres pays hors Opep par un accord scellé lors de la 171e réunion de la Conférence de l'Opep, tenue le 30 novembre 2016 à Vienne, en Autriche. Une alliance dénommée Opep+ dont la Russie est un membre incontournable qui oeuvre à la stabilité du marché et qui met environ 400 000 b/j mensuellement depuis le printemps 2021.