Un haut diplomate russe a exigé, hier, la levée des sanctions visant Moscou comme condition pour éviter une crise alimentaire mondiale du fait du blocage des exportations de céréales ukrainiennes depuis le début de l'offensive du Kremlin. «La résolution du problème alimentaire passe par une approche coordonnée, impliquant notamment la levée des sanctions qui ont été instaurées contre les exportations russes et les transactions financières», a déclaré un ministre adjoint des Affaires étrangères, Andreï Roudenko, cité par les agences de presse russes. Il a également exigé «le déminage par Kiev» des ports de la mer Noire pour que les navires puissent exporter les céréales. À cet effet, le diplomate a affirmé que la Russie était «prête à assurer un couloir humanitaire» aux bateaux. Réputée pour ses terres noires très fertiles, l'Ukraine était avant l'offensive le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé. Mais le conflit a bouleversé la production agricole ukrainienne et la Russie est accusée par Kiev et les Occidentaux d'empêcher les exportations de céréales via la mer Noire, suscitant le risque d'une grave crise alimentaire mondiale. Mardi soir, l'armée russe a, elle, accusé l'Occident de chercher «à sortir le plus vite possible les céréales d'Ukraine (...) sans craindre ce qui se passera dans le pays une fois les réserves de céréales épuisées». Par ailleurs, la Russie examinera la question d'un échange de prisonniers avec l'Ukraine une fois que les détenus ukrainiens auront été jugés, a indiqué, hier, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko, cité par les agences russes. «Nous examinerons tout cela après que ceux qui se sont rendus auront été jugés, qu'un verdict aura été prononcé», a-t-il déclaré. «Avant cela, les discussions sur un échange sont prématurées», a-t-il ajouté. La semaine dernière, les derniers combattants ukrainiens de la ville stratégique de Marioupol, retranchés pendant des semaines dans l'immense aciérie Azovstal, se sont rendus. Selon le ministère russe de la Défense, près de 4 000 soldats ukrainiens y ont été capturés. Les autorités ukrainiennes veulent organiser un échange de prisonniers de guerre, mais les autorités russes ont indiqué à maintes reprises qu'elles considéraient au moins une partie d'entre eux, appartenant au régiment Azov, non pas comme des militaires mais comme des combattants néonazis coupables de crimes de guerre. Samedi, le député et négociateur russe Léonid Sloutski avait déclaré que Moscou allait «étudier» la possibilité d'échanger des combattants de ce régiment contre Viktor Medvedtchouk, un politicien et riche homme d'affaires ukrainien réputé proche de Vladimir Poutine, qui a été arrêté mi-avril en Ukraine. Le dirigeant séparatiste prorusse Denis Pouchiline a déclaré lui mardi que le parquet général de la République autoproclamée de Donetsk travaillait avec Moscou sur la composition du tribunal chargé de juger les prisonniers ukrainiens.