Les Togolais ont tenu une heure avant de flancher. «Ce soir nous avions pour objectif de gagner et au moins par 2 a 0. C'était la condition requise pour nous qualifier. Je crois que la manière n'y a pas été mais nous avons rempli notre mission. A partir de là, tout commentaire peut paraître superflu.» C'est en ces termes que Raymond Domenech, l'entraîneur de l'équipe de France s'est exprimé à l'issue d'un match qu'elle a dominé pour remporter la victoire qu'il lui fallait. Terrible situation dans laquelle se trouvait cette sélection, toujours hantée par le souvenir de son ratage du Mondial de 2002 et du presque zéro pointé qu'elle y avait enregistré (elle n'avait récolté qu'un seul petit point en trois matches). Terrible parce que de toutes les équipes classées en tête de série, lors du triage au sort de ce Mondial 2006, elle était la seule à n'avoir pas encore assuré sa qualification pour le prochain tour. Sa chance aura été d'avoir eu à rencontrer le Togo lors de son ultime match de phase de poules, c'est-à-dire un adversaire à sa portée, plutôt qu'une équipe de gros calibre. Mais même là il ne lui a pas été facile d'obtenir la victoire qu'il lui fallait, son premier succès dans un Mondial depuis sa finale victorieuse de 1998 contre le Brésil. “Je n'ai jamais dit que ce match contre l'équipe togolaise n'allait être qu'une simple formalité. Je savais que cette confrontation allait être difficile et qu'il fallait mettre le paquet pour obtenir ce que nous cherchions” a ajouté Domenech, rencontré dans la zone mixte du stade de Cologne, là où quelques journalistes ont le privilège d'approcher entraîneurs et joueurs. A ce propos, on notera que Zineddine Zidane, qui n'a pas joué cette rencontre pour cause de suspension, est passé devant une meute de journalistes sans s'arrêter pour parler. «Il a une dent contre plusieurs journalistes, c'est pourquoi il n'a pas voulu s'exprimer» nous a dit un confrère français indiquant que d'«habitude Zineddine a de bonnes relations avec la presse». Apres avoir fermé cette parenthèse, on insistera sur le fait que le Togo, qui n'avait rien à perdre mais tout à gagner, a superbement tenu son rôle. Il a, au moins, réussi à faire douter l'équipe de France et ses stars durant près d'une heure. «Nous n'avions pas la prétention, en venant ici, de remporter la Coupe du monde. Nous voulions juste tenir notre rôle honorablement, dira Otto Pfister, le coach de l'équipe togolaise. Je pense que nous n'avons pas été ridicules lors des trois matches que nous avons disputés. Cela est d'autant plus méritoire que je suis sûr que mon équipe était celle qui disposait du moins de moyens de toutes les équipes qualifiées pour ce Mondial.» Pour sa part, le défenseur des Eperviers, Nibombe Dare a estimé que ses coéquipiers et lui «venaient de vivre une aventure merveilleuse. Ce n'est pas tous les jours que l'on dispute une Coupe du monde. On y affronte des stars et on ne peut que s'aguerrir en jouant contre eux. L'équipe du Togo est jeune et inexpérimentée. Elle a beaucoup appris en venant ici et cela va lui servir pour la phase de qualification à la prochaine CAN». Cette sélection des Eperviers togolais, bien que battue vendredi soir dans un stade de Cologne presque entièrement acquis à l'équipe de France, a su jouer comme il le fallait. Elle a énormément gêné les Bleus, les poussant à commettre certaines bévues de débutants. Et lorsqu'ils parvenaient à contourner le rideau défensif adverse, les Français ont trouvé en Agassa, un gardien de but très brillant et qui, en plus, a bénéficié de la baraka si nécessaire aux grands gardiens. «Nous étions rentrés sur le terrain hyper motivés mais les Togolais nous ont placés un dispositif difficile à déséquilibrer, dira de son côte David Trezeguet, le centre-avant des Bleus. A un certain moment, quand le ballon ne rentrait pas, nous avons commencé à douter. Heureusement qu'il y a eu ce but de Patrick (Vieira) qui nous a libérés. Il rejoignait, ainsi, son compère Thierry Henry pour qui le gardien Agassa a fait un match du tonnerre. Lorsque vous tombez sur un gardien pareil, vous finissez par ne plus croire en vos chances. Sincèrement ce qui nous était arrivé en 2002 en Corée du Sud m'est revenu en mémoire, surtout que les occasions s'entassaient et que nous n'arrivions pas à marquer. Mais cette fois le score ouvert, tout est devenu plus facile pour nous». Ainsi, donc, l'équipe de France est passée et va affronter son homologue espagnole le 27 juin en 8e de finale à Hanovre. Un match qui s'annonce difficile pour les deux équipes même si celle des Ibériques a été l'une des plus impressionnantes lors du premier tour. «Je pense que ce sera du 50-50, dira Trezeguet. Les Espagnols ont une solide équipe et la nôtre semble avoir retrouvé son rythme. Je crois que cela donnera lieu à un beau match». Le mot de la fin est revenu à Raymond Domenech: «Pour l'instant, on va profiter du soulagement de la qualification. On a trois jours, devant nous, pour préparer ce rendez-vous. Quel que soit le vainqueur, je crois qu'il sera dur de le battre par la suite».