Les vents semblent plus que jamais favorables pour que les cours de l'or noir voguent vers de nouveaux sommets. Hormis en 2008 où ils avaient établi un record historique, plus de 147 dollars, avant qu'ils n'entament leur descente aux enfers vers mi- 2014 pour se retrouver le 20 avril 2020 en territoire négatif à -37,63 dollars pour le pétrole américain et à 16 dollars pour le baril de Brent, ils se sont rarement retrouvés dans une position aussi avantageuse. Même lorsqu'ils sont tiraillés entre des prises de bénéfices et des inquiétudes de poussée significative d'inflation dans un marché hypertendu, ils arrivent à tirer leur épingle du jeu comme ce fut le cas pour la séance de mardi dernier. L'or noir s'était affiché dans le rouge en milieu de séance lorsque la Banque mondiale avait annoncé une réduction de sa prévision de croissance mondiale. «Tout repli d'activité est baissier pour la demande mondiale», a expliqué Andrew Lebow de Commodities Research Group. Les cours qui ont évolué en dents de scie «se rapprochent à nouveau de leurs sommets, ce qui a suscité des prises de profits dans un marché volatile, plein d'incertitudes», a indiqué pour sa part Matt Smith de Kepler. Les cours ont fini par clôturer dans le vert. Le baril de la mer du Nord pour livraison en août a avancé de 0,88% à 120,57 dollars. Le baril de West Texas Intermediate américain pour livraison en juillet a gagné 0,76% à 119,41 dollars. Les deux Bruts de référence ont trouvé un soutien dans un rapport de la célèbre Banque américaine d'investissement, Goldman Sachs, qui a relevé sa prévision du prix du baril Brent de la mer du nord, référence du pétrole algérien, à 135 dollars à la fin de l'année 2022. Le marché ne semble pas par ailleurs avoir de souci à se faire. Les inquiétudes sur une hypothétique destruction de la demande sont contrebalancées par l'annonce par la ville de Pékin dimanche de lever de nombreuses restrictions anti-Covid. Ce qui doit jouer en faveur d'une hausse des prix. «La reprise de la demande avec la réouverture de Pékin et de Shanghai contribue à soutenir les cours», a indiqué Michael Hewson, analyste pour CMC Markets. Il faut rappeler, en effet, qu'un confinement strict a été imposé à la capitale économique chinoise. Shangai, mégapole de 25 millions d'habitants, a en effet affronté sa pire flambée de Covid-19 depuis 2 ans. Un blocage qui a ralenti la demande de pétrole dans l'Empire du Milieu, premier importateur mondial de brut. Un million de barils de brut par jour avaient manqué à l'appel de la demande mondiale. La levée des restrictions sanitaires relancerait significativement la demande mondiale. Une bouffée d'oxygène pour les prix du pétrole. Il ajoute à ce constat le boycott européen qui frappe les barils russes. Il aura comme conséquence de priver le marché de quelque 3 millions de barils par jour. Ce que ne pourra pas compenser l'Opep qui a décidé d'augmenter sa production de 648 000 barils par jour en juillet. «Les barils supplémentaires fournis par l'Opep+ sont bien moins importants que la perte de pétrole brut et de produits russes. En d'autres termes, il est peu probable que l'équilibre pétrolier mondial s'améliore», souligne Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. En attendant c'est sur les réserves que se focalisent les regards. Les analystes tablent sur une baisse de 2,12 millions de barils des réserves commerciales de brut et de 1,641 million de barils pour l'essence, selon la médiane d'un consensus compilé par Bloomberg. L'attention était focalisée, hier, sur les l'état des stocks américains de pétrole. L'American Petroleum Institute (API), tablait sur une hausse de 1,8 million de barils des réserves américaines de pétrole brut alors que les analystes pronostiquaient une baisse de 2,5 millions de barils, selon la médiane d'un consensus compilé par Bloomberg. Le baril semblait de son côté imperturbable et continuait sa marche en avant. Celui du Brent progressait, à 10H25, de 0,75% à 121,48 dollars...