Le Burkina Faso a entamé, hier, un deuil national de trois jours après l'attaque qui a fait au moins 50 morts dans le nord du pays, une nouvelle tragédie qui prolonge «l'interminable série noire» dans ce pays sahélien régulièrement frappé par les terroristes depuis 2015. «Où va le Burkina?» s'interrogeait, hier, Le Pays déplorant la «barbarie à nulle autre pareille» du sanglant assaut mené dans la nuit de samedi à dimanche contre le village de Seytenga, dans la province sahélienne du Séno. Au moins cinquante civils y ont péri, un des plus lourds bilans depuis la prise de pouvoir de la junte militaire au Burkina Faso en janvier. «Il faut engager une guerre décisive!», réclamait, hier, le média en ligne Wakat Sera, tandis que Aujourd'hui au Faso déplorait «un énième massacre qui enjoint à plus de vaillance et de combativité». Un deuil national, décrété par le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a débuté, hier, à minuit et s'achèvera à la même heure vendredi. Il est «observé sur toute l'étendue du territoire national, en mémoire des victimes de l'attaque perpétrée par des individus armés non identifiés contre la commune de Seytenga», indique le décret. «Durant cette période, les drapeaux sont mis en berne sur tous les édifices publics et dans les représentations du Burkina Faso à l'étranger» et «les réjouissances populaires, les manifestations à caractère récréatif sont interdites», souligne le texte. Seytenga avait déjà été frappé jeudi par une attaque terroriste qui avait tué 11 gendarmes. L'armée burkinabè avait annoncé avoir tué une quarantaine de terroristes à la suite de cette attaque. Les meurtres du week-end «sont des représailles aux actions de l'armée qui ont fait des saignées» au sein des groupes terroristes, a estimé le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo. «Il est peut-être temps que, dans une organisation formelle, nous armions nos populations, surtout ceux vivant dans les zones à fort défis sécuritaires. Car il est préférable de mourir en défendant ses terres armes à la main, que d'être victime de cette barbarie dans une impuissance absolue», a préconisé hier Arouna Louré, député à l'assemblée législative de transition. Après l'arrivée au pouvoir du lieutenant-colonel Damiba qui avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'inefficacité contre l'insécurité, les attaques de ces mouvements affiliés à Al-Qaïda et l'Etat islamique avaient marqué le pas. Mais elles ont repris et tué près de 300 civils et militaires ces trois derniers mois. Début avril, des leaders communautaires et des combattants de groupes armés se sont rencontrés essentiellement dans le nord et l'est du pays. Ces régions frontalières du Mali et du Niger sont les plus touchées par la violence terroriste.