Ramtane Lamamra a reçu, avant-hier soir, un appel téléphonique de son homologue française, Catherine Colonna. Ce premier entretien entre les deux ministres depuis la nomination de Mme Colonna «a permis de mettre en évidence la qualité et la densité des relations algéro-françaises, ainsi que les échéances importantes qui s'offrent pour en assurer la stimulation dans plusieurs domaines», rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères. La communication téléphonique qui s'est déroulée dans les meilleures conditions a amené les deux ministres à mettre en exergue «la nécessité de poursuivre les efforts en vue de traduire les orientations stratégiques» des présidents algérien et français. Le but final de la démarche consiste à «bâtir un partenariat équilibré et mutuellement avantageux basé sur le respect mutuel et la coopération fructueuse», souligne la même source. Celle-ci note également que «les chefs de la diplomatie des deux pays ont, à cette occasion, évoqué des questions d'intérêt commun aux niveaux international et régional au sujet desquelles ils sont convenus d'intensifier les consultations entre les deux pays». Lesdites questions sont connues des observateurs et ne posent pas de problème particulier. Il reste, cependant, le communiqué rapporte le propos de Lamamra, déclarant que «l'Algérie attache la plus grande importance à ce que les relations entre partenaires dans l'espace méditerranéen soient conformes à la légalité internationale et mises à l'abri de toute exacerbation à travers des fuites en avant irresponsables». Allusion à peine voilée aux comportements inacceptables du chef du gouvernement espagnol et de son ministre des Affaires étrangères. Ces derniers ont tenté une folle opération qui a consisté à mêler l'Union européenne à un conflit bilatéral, en manipulant une institution transnationale. Le désaveu de Paris est on ne peut plus clair et cela se traduit, d'ailleurs par la confirmation de l'agenda diplomatique entre les deux pays, notamment une visite d'Etat du président Macron à Alger. Les gesticulations de Madrid visaient à complexifier le dossier algéro-espagnol, histoire de brouiller les pistes et faire oublier son «conflit d'intérêt» de Pedro Sanchez dans le dossier maroco-sahraoui. La France n'est pas tombée dans le piège, au même titre d'ailleurs que deux autres grandes nations de l'Union européenne. Le rejet du récit madrilène a été on ne peut plus clairement exprimé par Berlin qui n'a pas ajourné la mission algéroise de son ministre adjoint aux Affaires étrangères. Reçu par le ministre des Affaires étrangères et les ministres de l'Industrie et des Energies renouvelables, l'objectif de Katja Keul a trait essentiellement à la volonté de Berlin, comme d'Alger, d'ailleurs, «de consolider les liens d'amitié et de partenariat entre les deux pays», rapportait un communiqué du ministère des Affaires étrangères, tout en précisant que l'Algérie et l'Allemagne «célèbrent, cette année, le 60e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques». Cette visite confirme, si besoin, la convergence de vues entre les deux pays sur pas mal de sujets. «L'Algérie est un acteur important dans la résolution des conflits régionaux en Afrique du Nord et de l'Ouest. Il est donc important pour moi d'intensifier le dialogue politique avec les responsables algériens», a déclaré Mme Keul. Ce témoignage confirme, si besoin, l'attitude de Berlin vis-à-vis des postures aventureuses du gouvernement Sanchez. La ministre allemande, qui s'exprimait au lendemain de la saisine par Madrid de l'UE, enfonce le clou. «Je proposerai au gouvernement algérien une coopération plus étroite pour développer nos relations énergétiques. Je suis convaincue que nous devons tirer davantage parti du potentiel des énergies renouvelables pour nos relations bilatérales», a-t-elle affirmé. Comme pour le coup de téléphone de Mme Colonna, il n'est pas besoin de plus de preuves pour attester de l'isolement européen du gouvernement espagnol, décrié dans son propre pays. Le coup de grâce a été asséné par la troisième puissance économique du Vieux Continent. L'Italie, dont les relations avec l'Algérie sont historiques et exemplaires n'a pas tardé à donner un signal fort. En effet, son ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a annoncé avec enthousiasme les préparatifs de la rencontre de haut niveau intergouvernementale avec l'Algérie. Cette importante réunion se tiendra le mois prochain. Luigi Di Maio recevait, avant-hier, l'ambassadeur d'Algérie à Rome. Les deux hommes ont abordé «la situation en Méditerranée, les conséquences de la guerre en Ukraine, la sécurité énergétique et alimentaire».