Le pétrole broie du noir. Il reste malgré tout à des niveaux qui font les affaires des pays producteurs de pétrole. De l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs dix alliés dont la Russie notamment. Et si les cours de l'or noir ont repris des couleurs c'est bien grâce à eux. À la stratégie adoptée par l'Opep+. Il faut garder, en effet, en mémoire, que les cours de l'or noir n'ont pu rebondir de manière exceptionnelle depuis la journée «noire du 20 avril 2020», qui les a vus sombrer, que grâce à la baisse record de près de 10 millions de barils par jour décidée par l'Opep et ses alliés. Les cours du West Texas Intermédiate (WTI) avaient plongé, ce jour-là, en territoire négatif pour la première fois de leur histoire, à moins de 37 dollars. Le baril de Brent s'enfonçait, de son côté, à 16 dollars. Son niveau le plus bas de ce siècle. Une descente aux enfers qui s'est esquissée avec l'épidémie de Covid-19 qui s'est déclarée en Chine au mois de décembre 2019. Une page sombre de l'histoire du marché de l'or noir que les «23» ont voulu définitivement tourner avant que le conflit armé russo-ukrainien, qui a débuté le 24 février, n'accélère de façon exceptionnelle la hausse des prix pour les propulser à près de 140 dollars dans la nuit du 6 au 7 mars 2022 sur le marché asiatique. Une fièvre qui est retombée depuis. Même si le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a grimpé de 2,78% le 24 juin il n'aura finalement terminé la semaine qu'à l'équilibre. La référence du pétrole algérien a affiché le même prix que celui de la semaine qui s'est achevée le 17 juin. Soit 113,12 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois, a gagné 3,21% à 107,62 dollars, lâchant de son côté près de 2 dollars sur 7 jours. La panne? Comment expliquer ce «coup de pompe»? «Les cours évoluent au gré de deux arguments: soit on craint qu'il y ait trop peu d'offre pour satisfaire des économies en croissance, soit on redoute de faire face à une réduction de la demande alors que le monde peut tomber en récession à cause de l'inflation des prix des matières premières et des forts taux d'intérêts», a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Dans un contexte d'action de plus en plus agressive des banques centrales pour lutter contre l'inflation en relevant leurs taux directeurs, et d'indicateurs économiques toujours plus décevants, les perspectives économiques sont inquiétantes, souligne pour sa part Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. Est-ce la fin de l'état de grâce? Ce n'est probablement pas encore le cas. On est, cependant, loin de certaines projections qui laissaient s'esquisser de nouveaux sommets pour le baril. Il y a à peine quinze jours la célèbre banque américaine d'investissement, Goldman Sachs, a relevé sa prévision du prix du baril Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, à 135 dollars à la fin de l'année 2022. Les prix devraient, toutefois, afficher des niveaux élevés car la guerre en Ukraine n'a pas fini d'impacter les matières premières. Les prix du pétrole resteront probablement élevés, à plus de 100 dollars le baril, pour le reste de l'année, car l'invasion de l'Ukraine par la Russie perturbe les marchés et modifie les flux commerciaux, estime le premier raffineur indien, Indian Oil Corporation (IOC). Les pronostics vont bon train. Certains voient le baril s'envoler encore plus haut. «Avec notre objectif de 120 dollars le baril de Brent maintenant en vue, nous pensons qu'une forte contraction des exportations de pétrole russe pourrait (...) pousser le Brent bien au-delà des 150 dollars le baril», avaient déclaré, il y a tout juste un mois, les analystes de Bank of America (BofA) Global Research. On est loin du compte. Qui dit mieux? En attendant ce que décidera demain le baril...