L'organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, ne nous ont pas rejoué le scénario du mois de juillet où il a fallu pas moins de quatre réunions pour trancher. L'affaire a été réglée en un rien de temps. Les «23» sont tenus au calendrier qu'ils ont conçu lors de leur 16ème Sommet ministériel qui s'est déroulé le 1er avril 2021. L'Opep et ses 10 alliés avaient décidé de mettre 350000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, 441000 barils à partir du 1er juillet puis 400 000 barils par jour en août et en septembre. L'Opep+ a maintenu leur stratégie: ouvrir prudemment ses vannes. Une option qui était déjà dans l'air du temps, quelques heures avant le début de leur réunion. Le groupe a prévu lors du dernier sommet ministériel le 18 juillet d'augmenter sa production chaque mois de 400000 barils par jour, avec pour objectif à terme de remettre dans les tuyaux les 5,4 millions de barils quotidiens qu'il laisse encore sous terre, faisait-on remarquer. «Il semble bien que ce calendrier d'augmentation mensuelle de la production sera confirmé», pronostiquait Carsten Fritsch, analyste du second groupe bancaire allemand, Commerzbank, ainsi que bon nombre d'analystes. Une politique qui a donné ses fruits. Le 20e Sommet ministériel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+) qui se tiendra, mercredi (hier Ndlr), avec la participation de l'Algérie pour l'examen de la situation du marché pétrolier devrait maintenir la décision d'augmenter la production de 400 000 barils/jour prise à la fin juillet dernier, déclarait de son côté l'expert en questions énergétiques, Mahmah Bouziane, cité par l'Aps. Il faut souligner que la 20e réunion ministérielle des pays Opep et non Opep a été précédée par la 32e réunion du comité ministériel conjoint de suivi Opep et non Opep (Jmmc) qui s'est attelé à évaluer l'état du marché pétrolier actuel à court terme, ainsi que le niveau de respect des engagements de réduction de la production pour les pays signataires de la déclaration de coopération. Il faut signaler qu'à cet égard la prévision de la demande de pétrole pour 2022 a été revue à la hausse à 4,2 millions de barils par jour (bpj) contre 3,28 millions de bpj auparavant, indiquent des sources au sein des «23». L'Opep+ s'attend à ce que la demande mondiale de pétrole augmente de 5,95 millions de barils par jour en 2021 après une baisse record d'environ 9 millions de b/j en 2020 en raison de la pandémie de Covid -9. Une des raisons qui a probablement poussé les Etats-Unis à fustiger la politique actuelle de l'Opep et de ses partenaires. L'Opep+ n'en fait «pas assez» et menace la reprise de l'économie mondiale et les prix à la pompe, avait déclaré le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan. «La hausse des coûts de l'essence, si elle n'est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours», avait-t-il affirmé. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 partenaires, dont la Russie qui ont souffert de la baisse des prix avant qu'ils ne se stabilisent autour des 70 dollars, n'ont donc pas plié pour satisfaire les desiderata de Washington préoccupée par des considérations internes pour s'exposer à un éventuel plongeon du baril qui mettrait leurs économies, déjà mises à mal par la pandémie de Covid-19, en péril. Il faut garder en effet en mémoire que les cours de l'or noir n'ont pu rebondir de manière exceptionnelle depuis la journée «noire du 20 avril 2020», qui les a vu sombrer grâce à la baisse record de près de 10 millions de barils par jour décidée par l'Opep et ses alliés. Les cours du West Texas Intermédiate (WTI) ont plongé, ce jour-là, en territoire négatif pour la première fois de leur histoire, à moins de 37 dollars. Le baril de Brent s'enfonçait, de son côté, à 16 dollars, son niveau le plus bas de ce siècle. Une descente aux enfers qui s'est esquissée avec l'épidémie de Covid-19 qui s'est déclarée en Chine au mois de décembre 2019. Une page sombre de l'histoire du marché de l'or noir que l'Opep+ veut définitivement tourner.