L'Italie était à l'honneur au Théâtre National Algérien Mahieddine Bachtarzi dimanche dernier. Elle s'appelle Karima. Son père est algérien et sa mère italienne. «Sans filtre» est le nom de son album enregistré en acoustique en à peine deux jours. Sorti en mai 2021, il contient des morceaux réalisés en live. Ça tombe bien au TNA; Karima nous réservait un florilège de morceaux d'une saveur exquise. Et pour cause! Sa voix enchanteresse n'a pas tardé à éblouir le public. Ambiance soul et jazzy. Elle entonne son titre avec douceur, accompagnée qu'elle était d'un pianiste claviériste, d'un contrebassiste et d'un batteur. Et le charme va opérer très vite! «Feel Like making love» est aussi rehaussé par le jeu des musiciens et les inclinaisons de sa voix dans un tempérament rock, pop. Place à une reprise des Beatles avec «come together» qu'elle réarrangera à sa sauce. L'Algérie au coeur Karima avouera adorer le jazz qui se trouve en seconde position dans le style de ses musiques favorites, en citant les noms de Louis Amstrong et Ella Fitzgerald. Et d'interpréter «One little moon light candle». Le temps s'accélère. Les notes du piano s'envolent et la batterie s'affole. La chanteuse s'éclipse pour laisser place aux musiciens pour faire éclater leur talent sur scène. Et de rendre hommage à son mentor qui lui a appris la musique alors qu'elle avait 23 ans. Quelques morceaux anglophones avant de s'attaquer au répertoire italien, mais cette fois en mélangeant l'air napolitain à l'air oriental en faisant venir sur scène Mohamed Rouane au mandole qui l'accompagnera majestueusement sur quelques titres dans un voyage musical profondément méditerranéen. Karima chante «accousi grande» et d'indiquer que c'est son pianiste qui lui signe tous les arrangements. «Volaré» est chanté dans un air joliment jazzy. Avant de partir, Karima tiendra à rendre hommage à sa seconde culture en interprétant «Aïcha» de Khaled en invitant le public à l'accompagner sur le morceau. Ce dernier, debout, s'exécutera aisément avec bonheur. Ce fut, en effet, un pur moment de délice. Et de faire place en seconde partie à la France avec la chanteuse algérienne Yousra Boudah qui interprétera pour sa part elle aussi un florilège de chansons des plus connues aux moins connues. Des standards surtout de la chanson française classique. Pour commencer, Yousra fera son entrée avec sa carte personnelle en faisant découvrir à son public ses propres morceaux chantés en langue arabe, tels «Dini». Et de rendre hommage pour sa part à Hasni et à Djamel Allem avec «Marad youghal». Et d'attaquer cette fois au répertoire de la chanson française avec «À l'encre de tes yeux» de Francis Gabrel, «La vie en rose», «Non, rien de rien» ou encore «Allez venez Milord!» d'Edith Piaf. Un swing inégalable Yousra enchaînera avec «La bohème» de Charles Aznavour et «Ma philosophie» d'Amel Bent. Place cette fois à un répertoire encore plus dansant, notamment avec «Stayin' Alive» des Bee Gees. Et de laisser ses musiciens s s'épancher chacun à son tour sur son instrument. On notera entre autres, Nazim Bakour à la guitare, Hssen Zermani au saxophone, Youcef Bouzidi à la guitare et Rabeh à la batterie. Le tempo se veut encore plus haut et plus chaud. La voix douce de Yousra s'épaissit quand elle chante du gospel. Sa sublime voix dévoile toute l'étendue de ses capacités, notamment à travers le morceau «Mercy» de Duffy, «I feel good» de James Brown ou encore «Respect» d'Aretha Franklin. Une fin de concert qui se terminera de fait en apothéose!