De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Des pulsations du «Godfather» de la soul, James Brown, ont retenti en continu, jeudi soir dernier, au Théâtre de Constantine. Et Aretha Franklin a ressurgi dans l'âme de Nicole Slack Jones qui a tout simplement mis en transe le public présent à cette 8e soirée du 10e Festival international de jazz de Constantine, Dimajazz 2012.Robe noire, serpent à plumes rouge, assorti à la couleur de sa paire de sandales, dont elle se déleste par moment quand le ton l'exige, l'Américaine native de la Nouvelle-Orléans, qui se produisait pour la première fois en Algérie, a transporté tous les airs influents du sud des Etats-Unis en les interprétant énergiquement sur la scène constantinoise. Répondant à toutes les invitations de la chanteuse, le public a retrouvé une complicité totale avec l'artiste, dont la puissante voix soutenue par un big-band l'a fait bouger plus d'une fois. Saxo (Nadege Dumas), trombone (Pierre Chabrelle), clavier (Jerry Leonide), basse (Mike Armoogum), guitare (Hervé Sambe), batterie (Enrico Mattioli) et deux choristes, B. Pihan et Y. Freget, constituaient l'orchestre. Nicole a revisité Fever d'Eddie Cooley et John Davenport, I feel good, It's man's world (James Brown) et des chansons du répertoire de Burt Bacharach, notamment Walk on by qui a été repris en 1964 par Dionne Warwick et chanté en 2012 par l'artiste N. S. Jones.Tout en restant fidèle à son itinéraire artistique jalonné de gospels, l'artiste a rendu un vibrant hommage à Whitney Houston. Plus qu'un gospel, une prière harmonieuse avec en intro un parallèle sonore au saxophone de Saving all my love for you (hit qui a propulsé la star disparue il y a quelques mois). «Je l'ai interprété à ma manière. Je ne pourrais jamais être Whitney Houston», nous confiera avec modestie N. S. Jones à la fin du show. «Whitney Houston parlait peut être d'un homme, mais, pour moi, en chantant ce tube il peut bien s'agir d'un homme, de la famille ou de la pauvreté», ajoutera-t-elle. En tout cas, cette prière triste, mais groove et pleine d'émotion, a valu à la chanteuse un tonnerre d'applaudissements.Des reprises lors de cette soirée, mais également quelques titres de la chanteuse tel Bisous bisous, Oh baby you're mine, I feel right… Toutes ses prestations, reprises ou nouvelles, ont toutefois subjugué les mélomanes qui ont accompagné la chanteuse avec des mouvements de danse. Et Nicole en sera contente et le dira à chaque fois : «I love you Constantine. Le public est merveilleux.»Interrogée sur ses sources d'inspiration et leurs influences, l'artiste avouera : «Whitney Houston, Marvin Gaye, James Brown, Aretha Franklin sont une source d'inspiration pour moi et influent sur mon parcours, ce qui a donné de ma personne ce que je suis aujourd'hui.» Elle n'omettra pas Stevie Wonder. Si Aretha Franklin demeure le mentor, le compositeur et chanteur de Free représente pour elle «la puissance, la joie et la sagesse». «Quand une personne ne voit pas et parvient à vous faire voir des choses, cela veut dire autant sur sa personnalité et son génie», résume N. S. Jones. A la question de savoir si le gospel aura toujours sa place dans ses compostions, l'artiste répondra : «Le gospel est là d'où je viens, avec évidemment le jazz, c'est ce qui caractérisera tout ce que vous entendrez dans mes chansons.» À ce propos, la diva nous fera part de la sortie prochaine de son premier CD. «Il englobe 19 titres», révèle son producteur. Nicole S. Jones, qui est actuellement en tournée en Europe, devra se rendre en Italie, le 6 juillet prochain, pour récupérer son Award. «Ce sera la 2e fois après Sting qu'un artiste remportera un award sans avoir sorti au préalable d'album.» Elle se produira à l'Olympia le 5 juillet pour assurer la première partie d'un grand spectacle, «Earth winds and fire, expérience feat al Mackay». Refusant d'aborder les questions politiques, Nicole se veut un trait d'union entre l'humain et la scène. «Il y a beaucoup plus de choses importantes à évoquer sur les gens que sur la vie politique», conclut-elle.In fine, ce 10e DimaJazz a révélé une autre facette et, au fur et à mesure des soirées, le festival confirme son impact positif et l'élargissement de son horizon musical. Groove et funk ont intégré la thématique jazzy.